Le gouvernement italien a apparemment choisi la voie de la confrontation avec l’Union européenne (UE). En refusant d’apporter des modifications significatives à son budget 2019, il s’expose à l’ouverture d’une procédure pour déficit excessif. Celle-ci peut mener à des sanctions financières allant jusqu’à 3,4 milliards d’euros. Pour un pays qui est déjà endetté jusqu’au cou, une telle sanction ne ferait qu’accélérer la descente aux enfers.

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Ce n’est pas la première fois que les deux partenaires gouvernementaux à Rome, à savoir la Ligue du Nord et le Mouvement 5 étoiles, montrent leur mépris pour Bruxelles. Dès la formation de la majorité gouvernementale, après une période rocambolesque de mésentente, ils avaient nommé l’économiste Paolo Savona aux Finances.

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Une provocation. S’ils voulaient introduire le loup dans la bergerie, ils ne s’y seraient pas pris autrement. Particulièrement connu pour son hostilité déclarée envers l’euro et les institutions européennes, c’est Paolo Savona qui aurait dû représenter les Italiens dans les réunions mensuelles de l’Eurogroupe – les ministres des Finances de la zone euro – et de l’Ecofin, qui regroupe les ministres des Finances de l’ensemble de l’UE.

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Le président italien, Sergio Mattarella, avait mis son veto, évitant ainsi un premier drame entre Bruxelles et Rome. «L’Italie n’est pas un pays libre, c’est un pays occupé financièrement, pas militairement, par les Allemands, par les Français et par les bureaucrates de Bruxelles», avait alors protesté le souverainiste Matteo Salvini, de la Ligue du Nord.

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Bruxelles et le nouveau pouvoir italien ne sont pas non plus sur la même longueur d’onde sur la question des migrants. Dès son entrée en fonction, Matteo Salvini, par ailleurs vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur, s’est fait remarquer par ses positions anti-européennes. Selon lui, l’Italie n’a pas à assumer ses responsabilités de premier pays d’accueil, qui sont pourtant inscrites dans les traités européens.

A présent, le torchon brûle à propos du budget 2019. Les règles européennes imposent une discipline budgétaire. Comme un chat échaudé qui craint l’eau froide – l’Europe vient de traverser dix ans de drame avec la crise de la dette grecque –, Bruxelles entend désormais faire respecter les règles. Alors que l’Italie est le deuxième pays le plus endetté d’Europe et le troisième dans le monde.

Quelle est la réponse des populistes à Rome? Une manifestation, le 8 décembre, pour dire «pacifiquement» aux «messieurs de Bruxelles: laissez-nous travailler, vivre et respirer». La Ligue du Nord et le Mouvement 5 étoiles alimentent allègrement le sentiment anti-européen et se comportent comme s’ils posaient les bases d’un «Italexit».