Il y a quelque chose de rassurant dans ce dénouement. Boris Johnson a bâti toute sa carrière sur un incroyable culot, un sens aigu de la mise en scène et un opportunisme politique à toute épreuve. Le tout au service d’une ambition personnelle dévorante. Paroxysme de ce projet, l’ancien journaliste à Bruxelles s’était rallié sur le tard à la cause du Brexit, pas tant par idéologie mais plutôt parce qu’il avait flairé l’exceptionnel filon politique.
Au-dessus des règles
Installé enfin à Downing Street, le premier ministre est parvenu à achever le divorce avec Bruxelles. Sa popularité a rarement été démentie dans les urnes. Mais, finalement, ce qui avait fait son succès aura précipité sa chute. Le scandale des fêtes organisées au plus fort de la pandémie, alors que les Britanniques ne pouvaient même pas assister aux funérailles de leurs proches, a montré Boris Johnson tel qu’il est: un politicien au-dessus des règles qu’il avait lui-même fixées.
D’autres scandales sont venus ces dernières semaines s’ajouter au «Partygate». Pris isolément, aucun d’eux n’aurait pu faire chuter un tel animal politique. Mais, mis bout à bout, les affaires ont fini par éroder l’intégrité de Boris Johnson, au point que ses troupes ne pouvaient plus assumer de le soutenir publiquement.
Cette démission rappelle toute l’importance d’une valeur parfois malmenée dans nos démocraties libérales: le devoir d’exemplarité. Les gouvernants sont élus pour servir les citoyens, et non l’inverse. Boris Johnson, tout à son nombril, l’avait sans doute oublié.