Les drames moins médiatisés qui, jour après jour, terrorisent, estropient ou tuent ressemblent à celui de la comédienne. On y retrouve souvent l'alcool et/ou la drogue, le huis clos qui favorise les débordements, et après coup, les regrets d'un tabasseur ou d'un meurtrier qui n'avait «pas voulu ça».
Longtemps, ils ont été considérés, du moins quand ils ne débouchaient pas sur l'irréparable, comme un accident de la vie privée des couples, dont l'autorité n'avait pas à se mêler. Le vent tourne, lentement. La Suisse pourrait faire partie demain des Etats qui poursuivent d'office les violences commises au sein du foyer, mais seuls deux cantons obligent le partenaire violent à quitter le domicile commun. L'exemple tragique de Marie Trintignant, dont le sort n'a jamais dépendu de l'accès à un foyer d'accueil, est là pour nous montrer que de telles mesures ne résoudront jamais qu'une partie du problème. Mais elles ont un mérite décisif: affirmer haut et clair que la violence conjugale est inadmissible et que la combattre est l'affaire de la société tout entière.