éditorial
Abonné [?] Les journalistes du Temps s’exprimant dans un éditorial défendent leur propre point de vue, pas celui de l’ensemble de la rédaction En savoir plusÉDITORIAL. Qu’il nous transporte dans l’enfance ou dans l’austère réalité du quotidien, un vêtement est toujours un récit du monde. N’oublions pas de le lire

A l’heure où nous écrivons ces lignes, la semaine de la mode bat son plein à Paris, dernière étape d’un long mois de Fashion Weeks. Restent encore quelques kilomètres de podiums à avaler, mais on peut déjà dire ceci: la retenue est revenue. Après des années à arroser les consommateurs de logos, de paillettes et d’imprimés bigarrés, les designers de vêtements se tournent vers une opulence qui ne dit plus son nom. C’est ce long manteau gris ou beige fabuleusement bien coupé, ce t-shirt blanc confectionné en daim alors qu’on jurerait du vulgaire coton. C’est encore cet uniforme de l’armée traité avec le même raffinement qu’une robe haute couture. Ce retour d’un luxe silencieux a quelque chose de logique: face à la guerre, à la crise écologique et à l’inflation, les hiérarchies esthétiques, et donc sociales, se font plus discrètes. La joie se fait plus mesurée.