Nicolas Sarkozy a aussi renoué avec les travers qu’il a voulu gommer en 2011. Il attise les divisions, dresse des catégories de Français les unes contre les autres. Un summum a été atteint lorsque le candidat a parlé du «vrai» travail, une expression qu’il a dû retirer, tant elle a mis son propre camp mal à l’aise. Nicolas Sarkozy a alors organisé une «vraie fête» pour célébrer le travail, l’effort, le mérite.
Au Trocadéro, suite aux interrogations d’une partie de la droite devant sa tactique, le président-candidat a quelque peu radouci son discours. Quittant les références nationalistes inspirées par Charles Maurras, il a largement cité Charles de Gaulle. Non sans renoncer à attaquer les syndicats, les exhortant à «poser le drapeau rouge et à servir la France».
Cette stratégie peut-elle fonctionner? Les électeurs du FN qui célébraient Jeanne d’Arc le même jour ne sont certainement pas dupes. Marine Le Pen a beaucoup ironisé sur cette «tendresse […] touchante» pour l’électorat frontiste. Elle appelle à voter blanc.
Reste le grand duel télévisé de ce soir. François Hollande, inamovible dans son statut de favori, ne devrait pas dévier de sa ligne, la nouvelle «force tranquille». Nicolas Sarkozy va jeter toutes ses forces dans la bataille. Ce serait l’ultime occasion d’aborder les «vraies» questions, afin de tempérer un tant soit peu cette campagne délétère.