Pourquoi moi? Bien des malades du cancer doivent se poser cette question. Jamais une cigarette, pas une seule goutte d’alcool, une nourriture saine et équilibrée, une vie au vert, aucun antécédent familial connu… Autant de bons points qui ne suffisent pas à barrer la route au diagnostic souvent fatal.

Lire aussi: Les cancers et leur part de hasard

Une étude publiée aujourd’hui dans la revue Science s’est penchée sur la part de hasard dans la survenue de cette maladie que contractent plus de 14 millions de femmes, hommes et enfants chaque année dans le monde. L’approche statistique basée sur des données épidémiologiques mondiales a amené les auteurs à la conclusion que près des deux tiers des mutations génétiques responsables d’un cancer sont tout à fait aléatoires. Mises en cause, les erreurs intrinsèques du système de copie de l’ADN présent dans tous les organes.

Mais gare aux conclusions hâtives. Oui, chez un patient donné, la majorité des mutations génétiques observées peut être le fruit du hasard, le reste incombant à l’environnement ou à l’hérédité. Mais cela ne signifie pas que la maladie, elle, est bien survenue à cause de ces mutations aléatoires. Dans bien des cas, c’est le tabac ou un autre agent cancérigène qui en a été l’élément déclencheur. Dire que les cancers sont dus au hasard car la majorité des mutations sont aléatoires, ce serait comme dire que les accidents de la route sont uniquement liés au nombre de véhicules en circulation, sans prendre en compte leur vitesse, leur équipement, l’état de la chaussée ou encore la densité du trafic!

Le risque de mauvaise interprétation est réel. En 2015, la même équipe avait publié une étude qui, faute d’une communication claire, avait contribué à propager l’idée erronée que la majorité des cancers était due au hasard. A quoi bon, dès lors, vouloir s’en prémunir? L’écho mondial provoqué par ces travaux avait ulcéré les cancérologues, dépités de voir leur travail de prévention piétiné, et réjoui bon nombre d’industriels qui se voyaient déjà dédouanés d’éventuelles responsabilités sanitaires.

Hasard ou pas, la partie n’est jamais perdue. Le cancer est une sinistre partie de dés. Mais l’on peut compenser un mauvais lancer en s’éloignant des produits cancérigènes. Manger moins et mieux, ne pas fumer ni boire, ne pas s’exposer aux pesticides et autres métaux lourds augmente considérablement la probabilité d’échapper à la maladie. Autant mettre toutes les chances de son côté, non?