Et si les carnivores venaient à la rescousse des ersatz à la viande?
Editorial
ÉDITORIAL. Habitudes culturelles, santé publique, environnement: la viande est sur la sellette. Des produits de substitution existent, mais ils doivent séduire un plus large public pour sortir du marché de niche

Manger de la viande? Un luxe coupable, pourrait-on résumer non seulement à la lecture des données récoltées sur la consommation mondiale, mais aussi en prêtant attention aux alertes climatiques et sanitaires brandies par les organisations internationales compétentes. Les données de la FAO et de la Banque mondiale confirment un lien clair entre niveau de vie et consommation de viande. On y distingue non seulement les pays dits «développés», mais aussi ceux qui ont émergé depuis quelques décennies, particulièrement en Asie.
Emotions et dogmatismes
Mais alors, comment faire le lien entre les réalités du quotidien et les recommandations d’experts, tout en laissant de côté (si possible) tant les émotions (touchez pas à ma côte de bœuf) que les dogmatismes (tuer pour manger, c’est mal)? Bien que respectables à plein d’égards, les idéologies ne peuvent être le seul argument pour faire évoluer les habitudes. On ne saurait évacuer d’un coup de cuillère (ou de couteau) des millénaires de modes alimentaires, surtout pas en imposant de nouvelles pratiques sous le couvert de considérations manichéennes (les légumes c’est bien, la viande c’est mal). Dans le même esprit, le plaisir du barbecue carné ne peut, à lui seul, justifier la composition de nos menus alimentaires.
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Non, l’enjeu fondamental demeure bien sûr de nourrir le plus durablement possible, notamment en protéines, une planète toujours en croissance démographique. Comment? Sans doute, à la manière de tout bon régime alimentaire, en équilibrant les ingrédients. Si l’un des enjeux est de limiter, mais sans l’arrêter, la consommation de viande, les produits de substitution ont leur carte à jouer. Aujourd’hui, on en est encore loin.
Que mangerons-nous demain? Notre série d’articles
Pour voir plus large, il faudra séduire deux types de clients: les végétariens convaincus et les viandards conscients, voire contraints. Improbable? Si, comme on nous le promet, ces protéines végétales parviennent d’ici quelques années à rivaliser en goût, en texture et en prix avec les produits qu’elles cherchent à imiter, peut-être parviendront-elles à trouver leur place dans les paniers d’une tranche plus large et variée de consommateurs. Encore faut-il que leur production fasse mieux que la viande sur les plans sanitaire et environnemental. Les végétaux remplaçant le porc ou le poisson devront bien être cultivés quelque part et dans des conditions durables.
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