Populisme. La fragilité de la reprise économique conjuguée aux prochaines échéances électorales a fait craquer le gouvernement Obama. La Chine et son yuan sous-évalué servent de bouc émissaire et d’exutoire pour récupérer un électorat tenté par les sirènes extrémistes du Tea Party.

Les Etats-Unis ne sont pas les seuls à céder à ces sirènes populistes. Les Européens viennent de les rejoindre. Mercredi, le Fonds monétaire international leur a même offert sa caution.

Derrière la guerre des mots se prépare celle des monnaies, qu’Américains et Européens veulent plus faibles pour tirer leurs exportations. Et derrière cette attitude jaillit ce que le G20 avait jusqu’ici contenu, le protectionnisme.

Le problème est grave. Trop rapides et trop forts, les mouvements de changes empêchent les entreprises de s’y adapter. En Suisse, certains estiment que le bénéfice des PME exportatrices a fondu de 20% depuis janvier, en raison de la force du franc.

Le monde a changé. Le dollar, ce n’est plus seulement le problème des autres, mais aussi celui des Américains.

La Chine a sa part de responsabilité. La fixité du yuan tout comme la structure de son économie trop dépendante des exportations créent trop de déséquilibres. Les Etats-Unis doivent eux aussi rééquilibrer leur économie, qui repose trop sur la consommation et l’endettement.

Dans un cas comme dans l’autre, les ajustements vont prendre du temps. La Chine est justement venue en gagner en Europe où elle tente d’acheter la paix des changes contre un soutien à la Grèce.

Cela ne suffira toutefois pas. L’économie mondiale a besoin d’un signal crédible qui indique que ces déséquilibres seront corrigés, et qu’un nouveau régime de changes se prépare.

C’est précisément le travail du G20. Pour le moment, le manque de dialogue ne peut qu’exacerber les mouvements des devises. Si la guerre des monnaies a lieu, on peut hélas douter qu’elle fasse un seul gagnant.