ÉDITORIAL. Le moment est historique. Le Conseil fédéral doit déployer moyens, créativité et courage pour que le Covid-19 ne mette pas à terre économiquement individus, entreprises et collectivités

Comme toutes les grandes catastrophes, la pandémie s’immisce dans chaque pan de nos vies. Elle déborde chacun d’entre nous dans toutes les dimensions de son existence. Si c’est évidemment l’aspect sanitaire qui requiert le maximum d’attention au départ d’une telle crise, la santé économique des personnes, entreprises et collectivités doit rapidement devenir un sujet de préoccupation.
Lire également: La BNS met de l’huile dans le système bancaire
On le voit déjà à l’étranger: quand un gouvernement comme celui qui travaille pour le président Emmanuel Macron – pas vraiment suspect de tendances gauchistes – envisage des nationalisations, c’est le signe que l’époque a changé. Pareil lorsque le très libéral Donald Trump envisage d’actionner un texte adopté au moment de la guerre de Corée pour réquisitionner des moyens industriels.
Lire aussi: La Suisse prépare sa récession
Partout, les lois de l’économie cèdent peu à peu le pas à un impératif, celui de la préservation du socle sur lequel s’organisent nos sociétés. Que la politique dicte le pas à l’économie, ce n’est pas naturel dans un pays libéral comme la Suisse, où l’Etat fixe habituellement les règles du jeu et laisse les acteurs privés s’organiser. Mais, cette fois, il n’y a pas d’alternative.
L’économie va rapidement se trouver à terre: au bout de quelques jours de confinement, les entreprises voient déjà leur trésorerie s’évaporer, les individus s’inquiéter face à des lendemains désenchantés voire compter déjà leurs ressources quand ils sont indépendants. La Confédération, avec l’aide des cantons, doit présenter un plan crédible d’envergure et débarrassé de lourdeurs administratives. Personne ne met en doute les paroles de la présidente Simonetta Sommaruga quand elle dit vouloir soutenir tout le monde. Mais il faut, dès à présent, expliquer les mesures choisies, augmenter les moyens mis à disposition – 10 milliards, c’est de la petite monnaie au vu des circonstances – et clairement montrer un cap. L’argent ne suffit pas.
Lire encore: Le coronavirus frappe une horlogerie déjà enrhumée
Le risque serait sinon que le Covid-19 non seulement assombrisse la vie de millions de Confédérés, mais qu’il les laisse durablement dans de grandes difficultés financières. Au moment où la Suisse a eu l’intelligence de constituer des réserves, elle doit cette fois sortir la grosse artillerie face à un péril équivalent à celui d’une guerre à nos portes. L’économie est déjà entrée en résistance. La Suisse doit déployer moyens, créativité et courage pour lui permettre d’envisager la prochaine séquence avec un maximum de sérénité.
Retrouvez nos principaux articles sur le virus