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Le Conseil fédéral doit monter au front, par Eric Hoesli

Fut un temps où l'on voulut faire croire à un véritable intérêt

Fut un temps où l'on voulut faire croire à un véritable intérêt populaire pour la cause de l'ONU. Plutôt que de remettre lui-même la question à l'ordre du jour politique, et d'en assumer la responsabilité, Flavio Cotti préféra ainsi il y a quelques années privilégier le lancement d'une initiative fédérale en faveur de l'adhésion de la Suisse à l'ONU. C'est le texte sur lequel nous sommes appelés à nous déterminer le 3mars prochain.

Cette voie inhabituelle pour un projet gouvernemental devait traduire une aspiration de la base, provoquer un élan de la société civile susceptible d'entraîner la nation à réviser son mouvement d'humeur de 1986. Ainsi, pensait-on (mais le pensait-on vraiment?), la Suisse pourrait témoigner de manière originale de son attachement à l'idéal des Nations unies, et le Conseil fédéral éviter d'être réduit une fois de plus à la défensive par une nouvelle campagne référendaire des nationalistes.

On connaît la suite. La collecte des signatures fut un calvaire. Et l'originalité de la démarche se résuma surtout à la nécessité impérative d'obtenir une majorité favorable de cantons, en sus de celle des votants. Aujourd'hui les dernières illusions sur la naissance d'un mouvement d'opinion en faveur de l'ONU ont fait long feu. Il n'y a pas de mouvement populaire ni de poussée irrésistible en faveur de l'adhésion de la Suisse à l'ONU. Il n'y a qu'une prise de conscience, lente mais puissante, des changements fondamentaux survenus autour de nous et de l'inanité, pour ne pas dire la vanité, de notre position de «Sonderfall». Auparavant notre non-appartenance nous mettait en relief, aujourd'hui elle fait tache.

Cette évolution des esprits, qui se fait sans enthousiasme et parfois de mauvais gré, ne permet pas de miser sur une victoire automatique en votation. Elle exige des arguments, un accompagnement, un soutien politique et psychologique. Si tous les Suisses ne sont pas encore près de voter oui, il faut au moins les convaincre de ne pas dire non. C'est là la tâche du gouvernement. Que Ruth Metzler, Pascal Couchepin, Samuel Schmid et le président Villiger donnent de la voix. L'unité du Conseil fédéral sur cet enjeu lui permet un engagement total, sa popularité lui donne du crédit, qu'il en profite!

Cette bataille est d'abord la sienne. Elle met en jeu toute sa stratégie d'ouverture progressive et toute sa politique extérieure. Il n'est plus temps de temporiser ou de jouer la réserve. Le lundi 4mars, la victoire ou la défaite ne sera pas celle d'initiants fantomatiques. Mais bien celle du Conseil fédéral.