Une COP africaine, vraiment?
Si les COP font donc déjà l’objet de critiques, celle de cette année a un goût particulièrement amer. Elle se déroule en effet dans un Etat autoritaire, qui jette ses opposants en prison et réprime les défenseurs de l’environnement et des droits humains. Le régime égyptien ne brille pas non plus par son action climatique, c’est le moins qu’on puisse dire: ses mesures contre le réchauffement sont jugées «hautement insuffisantes» par l’organisation spécialisée Climate Action Traker.
Même la promesse d’une COP africaine, censée porter la voix de ce continent en première ligne face aux impacts du changement climatique, ne semble pas en mesure d’être tenue. Les tarifs prohibitifs des logements dans la station balnéaire rendent de facto l’événement inaccessible à une bonne partie de la société civile africaine. Voilà donc une conférence sur le climat organisée entre riches, dans une ville symbole du tourisme de masse transformée en bunker ultra-sécurisé. Que peut-on attendre de discussions placées sous de tels auspices?
En décalage avec l’urgence
C’est le principe même des négociations onusiennes d’impliquer le plus de pays possible, afin de tenter d’avoir une action efficace. Il peut donc sembler justifié d’organiser une COP dans un pays qui n’est pas spécialement un champion de la lutte contre le changement climatique – d’ailleurs, quel Etat peut prétendre en être vraiment un? Mais le risque de cette approche est d’apparaître totalement en décalage avec l’urgence climatique.
Certaines personnes ne croient plus aux négociations internationales sur climat – à l’image de la jeune militante Greta Thunberg, qui a annoncé qu’elle n’irait pas à la COP27, qu’elle assimile à une opération de greenwashing. Pourtant, malgré ses défauts, il s'agit d'un espace de collaboration incontournable. Le débat risque de rebondir l’année prochaine lors de la COP28, organisée… à Dubaï.
Notre dossier spécial COP27: Les jeunes font «Le Temps»