D’entrée de jeu, écartons tout malentendu: la COP27 n’inversera pas la course folle du dérèglement climatique. Mais plutôt que de s’escrimer à regretter un bilan maigrichon déjà redouté avant le début de la rencontre de Charm el-Cheikh, examinons la petite lumière qui a pointé samedi soir au bout du tunnel. Elle a pris les traits d’une concession de dernière minute des négociateurs européens.

Aussi inattendue que salvatrice, cette volte-face ouvre la voie à la mise en place d’un fonds pour dédommager les victimes des intempéries et autres dégâts provoqués par l’élévation des températures dans le monde. Des centaines de millions de personnes qui, en Afrique ou en Asie, ne jouent souvent qu’un rôle anecdotique dans le réchauffement climatique, mais qui en reçoivent les conséquences en pleine figure.

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En acceptant de revoir une position que beaucoup imaginaient inflexible, l’Union européenne (UE) rappelle la place prépondérante qu’elle peut jouer dans ce qui s’annonce comme l’un des plus grands défis du siècle. L’acceptation d’un instrument qui ressemblait pour beaucoup à un aveu de responsabilité, voire de culpabilité dans l’explosion des émissions de gaz carbonique représente une première et timide étape en ce sens. Un petit pas qui exigera des trésors d’attention, de patience et de vigilance pour que ce nouveau fonds voie le jour et atteigne sa cible.

Aller plus vite et plus loin

Mais l’essentiel est ailleurs. Bruxelles n’a pas seulement les moyens d’aller beaucoup plus loin pour être à la hauteur de l’enjeu climatique, mais a tout intérêt à devenir chef de file de la chasse au mauvais CO2. Pauvre en matières premières mais riche en savoir-faire technologique, le Vieux-Continent regorge de solutions pour améliorer son bilan carbone, développer une économie circulaire et, pourquoi pas, exporter ses innovations. Avec des start-up telles que DePoly, Insolight ou Climeworks, la Suisse n’est de loin pas en reste.

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L’explosion de la demande en panneaux photovoltaïques montre le cercle vertueux qui peut unir progrès, création d’emplois et amélioration du bien-être collectif. Cet exemple est emblématique à plus d’un titre. Tout d’abord fleuron européen, l’industrie solaire n’a pas résisté à une concurrence chinoise teintée de soutiens étatiques. Pékin avait alors eu le grand mérite de déceler l’intérêt d’une technologie qui mettait bien du temps à se répandre en Occident. A l’Europe de s’en inspirer pour se fixer des objectifs ambitieux, tout en jouant «à la loyale» pour les atteindre, gagner en indépendance et faire tache d’huile dans le reste du monde.