Crise de confiance
ÉDITORIAL. Les résultats des votations fédérales représentent presque un camouflet pour le président de la Confédération Guy Parmelin, à peine plus chanceux que Karin Keller-Sutter qui, elle, défendait les deux autres objets

Le Conseil fédéral traverse une zone de turbulences sans précédent. Sa gestion de la pandémie est fortement critiquée. Et les votations de ce dimanche ne permettent pas de renouer avec la confiance, au contraire. Le gouvernement a enregistré deux défaites, ce qui est fort rare. Il était même à deux doigts d’une défaite totale. Le référendum contre l’accord de libre-échange avec l’Indonésie n’a été accepté que par 51,6% des votants. Un quasi-camouflet pour le président de la Confédération Guy Parmelin, à peine plus chanceux que Karin Keller-Sutter qui, elle, défendait les deux autres objets.
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Depuis son arrivée au Conseil fédéral, la PLR saint-galloise s’était imposée comme l’une des leaders du collège et avait multiplié les succès. Aujourd’hui, c’est un coup d’arrêt. Concernant l’initiative contre le voile intégral, elle a longtemps cru un succès impossible, un engagement plus rapide de sa part aurait pu faire tourner la roue. Sur l’identité électronique, le résultat est cinglant. La population ne fait confiance ni au pouvoir politique, ni aux acteurs économiques qui auraient été chargés de mettre en place cette nouvelle identité numérique.
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La crise de confiance envers les institutions se ressent aussi très fortement à Genève, avec l’excellent score réalisé par Pierre Maudet et sa posture anti-establishment.
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Ces défiances s’expliquent par la cacophonie autour du covid, mais aussi par un fossé qui se creuse entre les Suisses et leurs gouvernants, très éloignés de leurs préoccupations. C’est flagrant concernant l’identité électronique, visible aussi dans le cas de l’accord de libre-échange avec l’Indonésie, dont le résultat serré montre l'inquiétude environnementale. Et clair aussi dans le cas de l’initiative anti-burqa, puisque toutes les formations, sauf l’UDC, s’y opposaient. Même si, dans ce cas, l’étroitesse du résultat est plutôt une bonne surprise par comparaison avec l’acceptation nette de l'initiative contre les minarets en 2009.
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Tous ces doutes ne doivent pas demeurer sans réponse. D’autant que les enjeux à venir sont essentiels pour l’avenir du pays. Le 13 juin prochain, les Suisses voteront sur la loi covid. Si la sortie de crise est mal gérée, les citoyens pourraient se venger dans les urnes. Le même jour, un vote crucial aura lieu: la révision de la loi sur le CO2. Pour qu’elle soit approuvée, il faut absolument que les autorités parviennent à redonner confiance à la population.
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