Nombre de grands chantiers peinent encore à voir le jour, mais Genève a bougé: la dette s’est stabilisée, les impôts ont baissé, la politique de transports transforme la ville, la construction de logements redémarre.
Le MCG, fortement identifié à sa croisade contre l’«invasion frontalière», doit donc sa fortune à un seul phénomène: l’essor spectaculaire de la métropole genevoise et la libre circulation des personnes qui s’y est associée. La conjugaison de ces facteurs a entraîné un afflux de travailleurs frontaliers dont l’ampleur a déjoué toutes les attentes.
Or, ce n’est pas d’un excès d’ouverture que souffre Genève (les EMS, les hôpitaux et les transports publics ne tourneraient pas sans les Français), mais d’un manque de structuration du nouvel espace qui s’est développé en quelques années avec les régions voisines. Logement, transports, gouvernance: c’est ici qu’il faut désormais agir.
La victoire du MCG est le thermomètre de cette crise de croissance. Elle signale les failles du discours et de l’action politiques face à des préoccupations (emploi, sécurité) fortement ressenties parmi les citoyens les plus vulnérables. Elle exprime l’ébullition que provoquent les mixités subites de populations (voir l’émergence de Vigilance il y a quarante ans). Elle confirme que la posture dénonciatrice rapporte davantage que la volonté de participer aux affaires (voir le déclin relatif de l’UDC).
Elle aura donc pour conséquence probable un positionnement plus musclé du prochain gouvernement, quelle qu’en soit la couleur politique. Elle ne doit pas pour autant faire croire qu’un mouvement politiquement intelligible s’est installé dans la République, qui est habituée à ces fièvres, et qui a toujours su y porter remède.