La crise migratoire demeure, ne l’oublions pas
ÉDITORIAL. Les crises se multiplient. Karin Keller-Sutter l’a rappelé ce mardi à l’occasion du Forum des 100 à Lausanne, la situation migratoire est inquiétante, en Suisse comme en Europe. A un an des élections fédérales, il ne faut pas laisser ce thème à la seule UDC

Depuis plus de deux ans, une crise en remplace une autre. Elle efface la précédente de nos mémoires. La crise énergétique tient actuellement le haut du pavé. Mais la crise migratoire ne doit surtout pas être oubliée. Tout d’abord, elle découle essentiellement de la tragédie qui se déroule depuis sept mois en Ukraine et qui jette des milliers de personnes sur les routes de l’exil. Parmi elles, plus de 65 000 sont déjà arrivées en Suisse, et le mouvement se poursuivra avec les nouveaux bombardements et l’arrivée de l’hiver. Des lieux d’accueil supplémentaires seront ouverts et il faut tout faire pour que les victimes de guerre continuent d’être accueillies dignement et surtout pas dans des bunkers ou des casernes militaires.
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Pas d’accueil exceptionnel pour les déserteurs russes
Lorsque Karin Keller-Sutter, invitée ce mardi du Forum des 100 organisé à Lausanne par Le Temps, affirme qu’il faut déjà réfléchir à leur retour, ses propos peuvent surprendre, mais elle a raison. Cela donne une perspective et oblige aussi les autorités à préparer l’après-guerre. Cela passera par des aides au retour et un puissant soutien suisse à la reconstruction de l’Ukraine. Il n’empêche, la situation de ses citoyens ne doit pas occulter celle des autres migrants. La ministre de la Justice a notamment été interpellée lors ce forum sur le sort réservé aux Russes fuyant leur pays. Sur ce point-là, son inflexibilité interpelle: elle ne veut faire aucune exception aux procédures d’asile habituelles. L’Allemagne se montre plus ouverte, sa ministre de l’Intérieur, Nancy Faeser, ayant déclaré que son pays était prêt à accueillir des déserteurs de l’armée russe «menacés de grave répression».
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N’oublions pas tous les autres migrants qui ont, par exemple, repris la route des Balkans, victimes d’un jeu politique insoutenable. Après la Biélorussie, c’est la Serbie qui instrumentalise la misère pour déstabiliser l’Europe. Karin Keller-Sutter emploie d’ailleurs des mots fermes en déplorant que la migration puisse être utilisée comme une arme. L’une des réponses à cette nouvelle crise, c’est une politique commune forte de l’Europe en matière migratoire. Où tous les Etats tirent à la même corde, y compris la Suisse. Dans ce domaine, Karin Keller-Sutter est conviée aux rencontres des ministres de l’espace Schengen. Un exemple qui devrait servir de modèle, afin de rétablir des liens de confiance avec l’Union européenne.
Quant à la crise migratoire, elle doit être thématisée au plus vite en Suisse aussi, afin d’éviter sa récupération par l’UDC à un an des élections fédérales.
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