Les éclaboussures des «Suisse Secrets» n’ont pas eu le temps de sécher. Les journaux du Consortium international continuent d’égrainer leurs révélations sur les fortunes d’origine douteuse planquées pendant des décennies chez Credit Suisse. Des centaines de lignes qui ne manquent pas d’entacher une nouvelle fois la réputation de la place financière suisse. Même si rien ne prouve que ces pratiques restent courantes.

Alors que les Etats-Unis, l’Union européenne et le Royaume-Uni font preuve d’une belle unité dans l’adoption de sanctions économiques à l’intention de la Russie, l’attentisme du Conseil fédéral ne peut qu’alimenter l’image d’une Confédération cupide qui ne pense et n’agit qu’en fonction de son porte-monnaie.

A chacun son rôle

L’enjeu est pourtant ailleurs. Il n’est pas de nature économique, mais diplomatique. Quelle que soit l’évolution de la situation, le Vieux-Continent a plus que jamais besoin d’un acteur neutre, capable de maintenir un semblant de lien avec le président Vladimir Poutine. Un intermédiaire qui pourra représenter, le cas échéant, les intérêts des belligérants ou encore mettre autour de la table les parties prenantes à une crise dont personne n’arrive à flairer l’issue.

Ne soyons pas dupes. Il y a inévitablement un brin d’opportunisme dans le comportement du gouvernement, la concurrence pour offrir ses bons offices faisant rage. Berne a ainsi probablement noté que la Norvège s’est, elle, très vite alignée sur les autres puissances occidentales.

La voie médiane de 2014

En 2014, lors de l’annexion de la Crimée, la Suisse avait su trouver une voie médiane pour ménager la chèvre et le chou, éviter que la Russie ne l’utilise pour contourner les sanctions européennes. Alors à la tête de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, elle avait joué un rôle remarqué pour éviter l’embrasement. N’en déplaise à ceux qui brocardent sa neutralité, elle est aujourd’hui mieux placée que quiconque pour tenter d’en faire de même. En tapant du poing sur la table, Bruxelles, Londres ou Paris jouent leur partition. En jouant la montre, Berne interprète la sienne.

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