Les déboires de la perfide Albion pourraient presque faire sourire les Suisses, eux qui ont toujours su avec habileté se faufiler dans les moindres trous de fromage de la construction européenne. Ils tentent d’ailleurs de profiter avec un certain succès du divorce britannico-européen pour tisser de nouveaux liens commerciaux ou scientifiques avec Londres.
Le spectre d’une lente perte d’attractivité
Bonnes à prendre, ces opportunités ne remplaceront pas des relations saines et apaisées avec l’Union européenne (UE). Alors que le monde se complexifie et que des blocs géopolitiques se forment, l’économie exportatrice suisse a tout à gagner de relations équilibrées et fluides avec son premier partenaire commercial.
Le risque de voir l’économie suisse se déliter de manière aussi spectaculaire et brutale que celle du Royaume-Uni est quasi nul, notre pays bénéficiant d’une situation géographique et d’un profil industriel qui ne lui sont en rien comparables. C’est au contraire une lente et sournoise érosion qui risque de gangrener la légendaire compétitivité helvétique, à l’image de ce que les milieux de la recherche et des technologies sont en train d’expérimenter.
Qu’elles soient sanitaires ou énergétiques, les crises qui se succèdent depuis bientôt trois ans ne doivent pas empêcher la Suisse de regarder son destin européen en face. En gardant bien en tête que l’Autriche et le Luxembourg, Etats membres de l’UE, ou la Norvège, intégrée à l’Espace économique européen, ne se portent pas moins bien qu’elle. Il faut espérer que le nouveau visage qu’offrira en janvier le Conseil fédéral sera enfin à la hauteur d’un enjeu glissé sous le tapis depuis bien trop longtemps.