Les images d’aéroports engorgés, de visages hagards rivés sur des smartphones en quête d’hypothétiques sorties de secours sont bien parties pour hanter notre été. Rien ne permet en effet d’espérer une fluidification rapide d’un trafic aérien pénalisé par les pénuries de personnel, les grèves et les restrictions de vol liées à la guerre en Ukraine. Un cocktail explosif.

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Comment en est-on arrivé là? Alors que les compagnies aériennes sont supposées incarner la sécurité ultime en opérant un moyen de transport qui reste le plus sûr du monde, nous les découvrons vulnérables, désemparées, parfois autistes, condamnées à envoyer des lettres d’excuses à leur clientèle. Avouons-le: vouer aux gémonies ces grands groupes qui n’ont pas su garder leur personnel durant la pandémie est terriblement tentant.

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Tentant mais un brin réducteur. Les dizaines de milliers de personnes qui errent dans les terminaux européens témoignent de l’énorme soif de voyage qui s’est emparée d’une bonne partie de la population, assignée à résidence plus que de raison pendant deux ans. Un besoin d’évasion qui s’est déclaré comme une braise se ravive sous l’effet d’un coup de vent. Trop vite, trop tard pour que des sociétés mises à l’arrêt forcé pendant deux ans aient le temps de monter en puissance, de trouver et de former le personnel nécessaire pour faire face à la demande.

Reconquérir le cœur des jeunes générations

A juste titre, beaucoup ne manqueront pas de s’interroger sur la pertinence d’avoir restructuré, licencié, dégraissé, alors que la paralysie du secteur se prolongeait au fil des vagues covidiennes. Si ce n’est que personne ne misait sur une reprise si forte du trafic aérien et que le conseil d’administration d’une société se doit d’œuvrer en faveur de l’intérêt de l’entreprise qu’il dirige.

Non, décidément. Les EasyJet, Swiss, British Airways et autres ne se résument certainement pas à des sociétés devenues subitement totalement incompétentes. Elles peuvent néanmoins faire nettement mieux en matière de communication et d’information auprès de leur clientèle et seront attendues au contour lorsqu’il s’agira de dédommager les innombrables victimes de l’actuel chaos aérien.

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A l’instar de bien d’autres entreprises, elles vont surtout devoir s’atteler à reconquérir le cœur d’une relève qui peut faire la fine bouche et ne rêve plus forcément d’embrasser la profession d’hôtesse de l’air ou de steward. Et si l’évolution de la société et la pandémie ont contribué à nourrir ce désamour, les compagnies, notamment à bas coûts, portent une sacrée part de responsabilité. Plusieurs d’entre elles ont exercé une pression telle sur leurs effectifs que ceux-ci ne demandent pas mieux que de prendre leur revanche. En désertant ou en débrayant.