Aussi puissant soit-il, aucun dispositif technique n’a été en mesure d’anticiper le tragique séisme qui endeuille la Turquie et la Syrie. Pratiquement tous les prévisionnistes voyaient par contre l’Europe sombrer cet hiver dans le marasme économique, sur fond de grave crise énergétique. A l’instar du FMI, ils sont en train de rétropédaler, surpris une fois de plus par la «résilience» dont les entreprises et les consommateurs font preuve.

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«Les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir.» Cette citation que certains attribuent à Mark Twain, d’autres à Churchill, résume à quel point l’histoire s’amuse à déjouer les pronostics des Cassandres en tous genres. C’est encore plus vrai quand l’incertitude atteint son paroxysme.

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L’incertitude pour nouvelle boussole

Elément piquant, c’est d’ailleurs une autre science bien souvent insaisissable, la météo, qui est venue donner un coup de pouce inattendu à la conjoncture européenne. Associé à une réduction de la consommation énergétique, un début d’hiver doux a atténué les entraves à la marche des affaires. Le Vieux-Continent n’échappera peut-être pas à une petite et courte récession. Celle-ci n’aura toutefois rien à voir avec les prédictions apocalyptiques de l’été dernier. Ce coup de mou aura, qui plus est, la particularité inédite de s’accompagner d’un taux de chômage faible, en raison du départ à la retraite des babyboomers qui n’est pas compensé par les nouvelles générations.

Et après? Avec la réouverture de la Chine, l’optimisme est de nouveau de mise pour les mois suivants. A moins qu’un nouveau grain de sable, par exemple un durcissement géopolitique, ne vienne une nouvelle fois bousculer les pronostics des experts. Car au milieu de l’océan d’inconnues dans lequel naviguent actuellement les entreprises, une certitude semble se dessiner: depuis 2020 et le début de la pandémie de covid, l’économie mondiale est entrée dans une nouvelle dimension qui se laisse encore moins enfermer dans des prévisions qu’auparavant.

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