A distance et en présence, la galère du travail hybride
ÉDITORIAL. Le télétravail offre une liberté encore inimaginable en 2018, et c’est tant mieux. Mais la version hybride est loin d’être idéale

Petite scène quotidienne: il parle depuis quelques secondes, personne ne l’entend, il comprend, ouvre son micro, se lance, coupe la parole à celle qui avait pris sa place dans le parloir virtuel, ce mur de visages dimension cinématographique qui surplombe la salle. Deux fois de suite, on rigole, on ne vous entend pas, ah bon pourtant le micro est ouvert, il y a un bruit bizarre, grésillements, mais non mais non. Autant dire que les échanges spontanés et créatifs de celles et ceux qui sont réunis physiquement sont réduits à néant. On attendra la fin de la séance pour se dire vraiment les choses, résoudre les problèmes du jour et faire émerger l’intelligence collective.
Lire aussi l'article lié: Entre télétravail et présence au bureau, cinq règles d’or pour ne pas perdre pied
Plus que jamais à l’ordre du jour
Bien sûr, cette scène, en théorie, n’existe plus. Toutes les entreprises ont trouvé le moyen de bénéficier pleinement des avantages du télétravail, mettant à profit les outils et les bonnes pratiques, respectant ainsi les recommandations de l’Office fédéral de la santé publique. Vraiment? Les témoignages font plutôt état du contraire. Le covid s’installant durablement dans nos vies, la question du mode de travail est plus que jamais à l’ordre du jour. Evidemment, seules les sociétés de services sont face à ce dilemme existentiel. Les métiers qui ne peuvent pas se pratiquer derrière un écran doivent gérer le virus et ses futurs variants avec des mesures bien plus vitales.
Lire également: Non, le télétravail ne peut pas simplement se banaliser
Quitte à briser des tabous…
Le télétravail offre une liberté encore inimaginable en 2018, et c’est tant mieux. Les avantages pour l’employeur et l’employé sont réels. Le tout virtuel impose des codes que tout le monde applique simultanément, alors que le tout présentiel offre l’immense avantage du non-verbal et de l’informel. Mais la mixité des modes est la promesse de nouvelles frustrations. Ceux qui sont sur place se plaignent de perdre la facilité et l’efficacité du contact direct alors que les personnes restées à domicile risquent de décrocher. Face à l’enjeu, chaque entreprise sera amenée, une fois de plus, à se réinventer. Faire des choix qui correspondent à son ADN, quitte à briser quelques tabous. Oui, nous devons nous rencontrer pour mieux travailler ensemble. Non, le télétravail n’est pas possible tout le temps pour tous. Pour éviter de vivre le pire des deux mondes.
Retrouvez tous les éditoriaux du «Temps».
Vos contributions
connexion créer un compte gratuit