Donald Trump ou la cohérence du chaos
EDITORIAL. A entendre ses détracteurs, le président américain a touché le fond lors de son sommet avec Vladimir Poutine. Sa diplomatie peu orthodoxe suit pourtant une ligne claire, aux effets déjà perceptibles

Les réactions n’ont pas traîné. A peine le sommet Trump-Poutine terminé, un déluge de critiques s’est abattu sur le chef d’Etat américain. En se montrant complaisant face à la Russie, Donald Trump aurait atteint un nouveau tréfonds de sa présidence.
Où qu’aille le populiste new-yorkais, sa diplomatie peu orthodoxe continue de dérouter. Elle suit pourtant un fil rouge assez simple. Tout ce qu’on lui dit de ne pas faire, Donald Trump le fait.
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L’Union européenne le supplie de ne pas quitter l’Accord de Paris sur le climat ou le traité avec l’Iran sur le nucléaire? Donald Trump les déchire aussitôt. Les économistes le mettent en garde contre une guerre commerciale avec la Chine? Donald Trump déclare les hostilités en assurant qu’elles seront «faciles à gagner». Le corps diplomatique déconseille une rencontre hâtive avec Kim Jong-un? Donald Trump s’empresse de fraterniser avec le dirigeant nord-coréen.
Maître de la contradiction
Avec un sens puéril de la contradiction, le président américain s’enferre dans sa vision du monde. Tout ce qui ressemble au consensus dominant avant son arrivée lui est odieux. Tout ce qui froisse le politiquement correct ou la doxa libérale globale le ravit.
Une fois cela posé, la question est de savoir si les gesticulations trumpiennes en politique étrangère auront de réels effets. Car le président est aussi un maître de la contradiction, capable de dire une chose et son contraire en un rien de temps. C’est sa version à lui du «en même temps» macronien: Theresa May, par exemple, est à la fois une incompétente qui gère mal le Brexit et une femme formidable qui fait un «super-boulot», comme il l’a dit lors de sa tournée en Grande-Bretagne il y a quelques jours.
On pourrait donc minimiser la nouvelle donne imposée par le dirigeant américain comme une somme de gesticulations sans conséquences. Mais force est de constater que, touche par touche, Donald Trump est en train de réaligner l’ordre mondial autour de lui.
En cassant les codes, en brusquant les autres acteurs, il les contraint à s’adapter. Il a déjà fait remonter les tensions autour de l’Iran, poussé l’Europe à se rapprocher de la Chine et du Japon, commencé à détourner les flux commerciaux mondiaux avec ses mesures protectionnistes. On peine simplement à voir ce qui peut sortir de bon de ce grand jeu de massacre diplomatique.
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