Sept ans après le début de cette monumentale procédure FIFA, saucissonnée en 25 volets distincts, la chute qui reste dans les mémoires est surtout celle d’un procureur général, Michael Lauber, chahuté, récusé en raison de ses rencontres discrètes avec le nouveau patron du football mondial Gianni Infantino, sanctionné disciplinairement pour avoir caché la vérité, poussé à la démission et, enfin, mis en prévention pour abus d’autorité et d’autres choses encore.
Erreur stratégique
Un scénario tout simplement inimaginable au moment où éclatait le scandale et où les enquêteurs suisses prêtaient main-forte à leurs homologues américains pour nettoyer les instances dirigeantes de la FIFA du fléau de la corruption. On peut même dire que la bataille était déjà perdue sur le plan médiatique avant même cet acquittement. Le choix de mener la procédure en allemand, alors que ses protagonistes et le public intéressé sont francophones, n’a rien arrangé. C’était une erreur stratégique que de laisser un Sepp Blatter, sympathique, charismatique et bavard, ou un Michel Platini, plaintif (avant le verdict) et toujours revanchard, occuper ainsi le terrain sans véritable contradicteur intelligible.
En face, le MPC a surtout donné l’impression d’avoir été incapable de mener une affaire sensible sans se prendre les pieds dans le tapis et la FIFA, partie plaignante, est passée encore et toujours pour le grand méchant loup. Quelle que soit son issue ultime, cette affaire aura fait tomber deux barons du foot en leur donnant des airs de martyrs et nui pour longtemps à l’image du parquet fédéral. Un piètre bilan.