Les droits des LGBTQ+ sont les nôtres
ÉDITORIAL. Une série de discriminations et d’attaques récentes rappellent que la sécurité et l’intégrité de cette communauté ne sont pas garanties en Europe. Or son sort constitue l’étalon de mesure de l’ensemble de nos droits

C’est une succession de petits points lumineux qui sont apparus ces deux dernières semaines sur la carte de l’Europe. Ici, une législation en Hongrie discriminant les LGBTQ+ entre en vigueur ce mercredi. Là, l’UEFA refuse que le stade de Munich s’illumine aux couleurs de l’arc-en-ciel. Le même drapeau, brandi par un groupe à Martigny le soir du match Suisse-France, déclenche une agression. Samedi, Samuel Luiz, homosexuel de 24 ans, est battu à mort à la sortie d’une discothèque de La Corogne, en Espagne. Lundi, une chasse à l’homme dans les rues de Tbilissi, en Géorgie, vise des militants et des journalistes en prévision de la Marche des fiertés.
Lire aussi: Viktor Orban, l’onde de choc anti-LGBT
On peut prendre chacun de ces points isolément, n’y voir qu’un regrettable concours de circonstances. Ou l’on peut les relier entre eux et voir se dégager un fait révoltant: l’intégrité physique et les droits des personnes LGBTQ+ ne sont pas encore pleinement garantis en Europe. Or il faut percevoir ce que le sort de cette minorité dit de nos sociétés. Lorsque les attaques viennent non seulement d’individus isolés, mais aussi de gouvernements, lorsque de grandes associations sportives préfèrent la lâcheté du silence, les droits de la communauté visée deviennent un étalon de mesure pour l’ensemble de nos droits.
Lire encore: Et si l’amendement hongrois sur l’homosexualité s’appliquait en Suisse ?
Rétorquer que les réalités sociales et culturelles en Europe centrale et orientale diffèrent de celles du reste du continent, c’est omettre que la Pologne a dépénalisé l’homosexualité en 1932 et la Hongrie en 1961. L’homophobie qui anime les deux gouvernements du jour repose sur une reconstruction de l’histoire destinée à instrumentaliser le présent.
Lire également: En Valais, on n'est pas plus homophobe qu'ailleurs
Lorsqu’ils ont adhéré à l’Union européenne, ces Etats ont pourtant accepté un ensemble de valeurs fondamentales. L’UE, par la voix de la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, qualifie donc à juste titre la législation hongroise de «honte». Le premier ministre néerlandais Mark Rutte a par conséquent raison lorsqu’il affirme que, dans ces circonstances, la Hongrie n’a pas sa place parmi les Vingt-Sept. Ce printemps, le même discours de fermeté contre les zones dites «LGBT-free» de Pologne a poussé le Parlement européen à déclarer l’UE «zone de liberté» où cette communauté a toute sa place.
La question concerne – encore et toujours – l’ensemble du continent, y compris la Suisse. Il en va du respect fondamental accordé à tout être humain indépendamment de son orientation sexuelle. Ce principe est consubstantiel à une société libre et démocratique, ne peut être négocié et devra être farouchement défendu.
Vos contributions
connexion créer un compte gratuit