A l’échelle du pays, ce sont quelque 4000 candidats qui brigueront cet automne l’une des 200 places du Conseil national, soit un rapport de vingt à un. En théorie du moins, car dans la réalité les chances des coureurs sur la ligne de départ sont encore plus réduites: la grande majorité des parlementaires se représente et la «prime au sortant» est forte, ce qui fait qu’au mieux un quart du parlement est véritablement à prendre.
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On peut bien sûr se réjouir de cette multiplication des candidatures. Elle témoigne d’un intérêt qui reste vif pour la politique et les affaires publiques, tranchant par exemple avec les difficultés que connaissent les petites communes à trouver des postulants pour occuper leurs fonctions électives. Cette évolution permet aussi aux femmes de se faire une place plus équitable sur les listes, un effet visible au fil des récentes élections.
Cette pluie de candidats ne mérite pas pour autant un regard angélique. Elle a pour origine la renonciation aux parrainages de listes qui ont longtemps encadré les élections, comme nous le rappelle le politologue Georg Lutz. Elle s’explique aussi par la multiplication des apparentements. Les partis pratiquent abondamment, avec l’espoir de gagner quelques points de pourcentage et sans risque d’en perdre, les listes multiples. On connaissait celles de jeunes, de femmes, d’espoirs de l’économie, le PSS lance cette fois les 60 ans et plus.
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Ces apparentements se font aussi de parti à parti, au coup par coup et sans aucune retenue. Eric Stauffer s’acoquine avec le PBD genevois, le PDC argovien s’allie avec les Vert’libéraux en 2019, comme il l’avait fait avec l’UDC en 2015. Qui dit pléthore de candidats dit aussi débauche de moyens pour les soutenir et mélange des étiquettes. Des listes uniques et serrées de candidats représentatifs et crédibles seraient plus utiles au parlement que cette confusion qui nuit à la cohérence et à la lisibilité de la vie politique.