Embrassons la fintech sans attendre!
Editorial
La fintech, regroupant les entreprises qui utilisent la technologie pour transformer les services financiers, des paiements ou de la gestion, est une réponse immédiate à la situation financière actuelle

La fintech accomplira ce que la crise n’a pas réalisé. Elle redistribuera les cartes de la finance. Les autorités n’auront pas le loisir d’établir des listes de sociétés favorisées et protégées.
La fintech regroupe les entreprises qui utilisent la technologie pour transformer les services financiers, des paiements à la gestion en passant par le trafic de paiements. Ce n’est pas un terme à la mode, une branche qui sera balayée par le prochain orage. C’est une réponse immédiate aux problèmes actuels. Vendredi, Moni, une start-up finlandaise, a reçu 1,5 million de dollars. Elle propose un système MasterCard prépayé pour les réfugiés.
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Le client est séduit. Il n’hésite pas longtemps quand les coûts d’un service sont abaissés de 90%, et que l’accès est possible par mobile nuit et jour. La confiance ne tarde pas à quitter les anciens acteurs pour rejoindre les modernes. Car la fintech fonctionne et simplifie la vie des gens. TransferWise a fait chuter les prix des transferts d’argent à l’étranger, SoFi ceux des prêts en ligne aux étudiants, Wealthfront ceux des services de gestion d’actifs. Betterment a remplacé le conseiller bancaire par un robot. Ces exemples appartiennent au top 50 des «disrupteurs de l’année» de CNBC. Avec Uber, Airbnb et Dropbox.
En Europe, la question de l’utilité et de l’intérêt de la fintech reste majoritaire. Vendredi, les autorités de surveillance européennes (ESA) ont publié un document de travail qui traduit l’approche sceptique qui risque fort de condamner le continent au déclin. Avec ou sans BCE. L’ESA écrit que ces outils automatisés ont «potentiellement la capacité de changer le comportement des consommateurs». La question est ailleurs. Il s’agit de savoir comment s’adapter et en profiter pleinement. Londres l’a compris. La City multiplie les avantages fiscaux à leur égard et à celui de leurs investisseurs.
La disruption gagne la finance, comme l’innovation automobile et informatique, par l’Ouest américain. L’approche de la fintech n’est d’ailleurs pas la même en Californie qu’à New York. A Wall Street, l’innovation tente d’améliorer les services bancaires, dans la Silicon Valley à les réinventer, explique Damir Bogdan, un consultant suisse.
La fintech suisse est jeune et modeste. Elle ne compte que 157 start-up et n’a récolté que 0,7% des fonds investis dans le monde. C’est peu pour le numéro un mondial de la gestion de fortune. Les conditions-cadres, notamment fiscales, laissent à désirer. Le fait que la Finma ait enfin réagi et se prépare à créer une licence bancaire «light» n’est qu’un petit pas dans la bonne direction. Mais le fossé avec le soutien britannique fait peur.
L’attentisme est parfois sensé en politique. Mais face aux mégatrends qui permettent d’automatiser, d’économiser et de partager plus facilement, il est dangereux. Beaucoup plus que le franc fort.
Les grandes banques ont compris l’enjeu. Avec SIX et quelques autres, elles investissent et collaborent avec ces jeunes pousses. Elles savent que si la fintech ne représente que 4000 start-up et 12 milliards d’investissements, c’est elle qui mènera aux services de demain. C’est la seule voie pour éviter le Jurassic Park et garder leur clientèle.
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