La terre a une nouvelle fois tremblé en Turquie et en Syrie, une région connue pour ses risques sismiques. Mais la mort a surpris des milliers d’habitants des deux pays dans leur sommeil. La première secousse – 7,8 sur l’échelle de Richter – a été suivie par des dizaines de répliques et par un second séisme à peine moins puissant que le premier.

A l’heure d’écrire ces lignes, le bilan était déjà terrible mais va encore s’alourdir à mesure que des victimes sont retirées des décombres. Des immeubles entiers se sont effondrés sur leurs occupants. Les secouristes sont engagés dans une course contre la montre pour sauver celles et ceux qui peuvent encore l’être. Les offres d’aide internationale affluent. L’ampleur des besoins est immense. Les survivants manquent de tout, alors que la région fait face aux rigueurs de l’hiver.

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Puissance devenue incontournable, surtout depuis le début de la guerre contre l’Ukraine dans laquelle elle ménage les deux camps, la Turquie a officiellement demandé l’aide internationale. Le président Recep Tayyip Erdogan, qui tentera de se faire réélire ce printemps, est engagé dans une voie de plus en plus autocratique. Ce nouveau sultan a tourné le dos aux valeurs professées par l’Union européenne, alors que cette dernière fermait la porte à une adhésion turque. L’immense tragédie qui frappe aujourd’hui la Turquie appelle à un regain de solidarité européenne. Mais, passé l’émotion, les arrière-pensées politiques risquent de rapidement reprendre le dessus.

Que dire de la Syrie? Le pays est tombé dans l’oubli après des années d’une guerre qui continue très loin des projecteurs de l’actualité. La province d’Idlib, la plus touchée par le séisme de ce lundi, échappe au gouvernement de Damas. La région est gérée par un groupe islamiste, auparavant affilié à Al-Qaida mais qui s’en est distancié. Pas de quoi susciter la compassion internationale malgré les besoins criants des millions de déplacés qui ont fui le régime criminel de Bachar el-Assad. La preuve: les opérations de l’ONU dans la région sont notoirement sous-financées.

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Sous perfusion humanitaire, la province d’Idlib n’est approvisionnée que par un seul point de passage sur la frontière entre la Turquie et la Syrie. C’est la condition posée au Conseil de sécurité de l’ONU par Vladimir Poutine, l’allié du président Assad, qui pousse pour que toute l’aide internationale passe par Damas et profite au régime. En Syrie, les opérations de secours seront donc minées. Les séismes de ce lundi accroissent la détresse de la population syrienne. Le seul espoir est que cette catastrophe naturelle redonne un peu de visibilité à cette plaie béante aux portes de l’Europe.

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