Tous entrepreneurs grâce à la technologie
Fini les salariés licenciés qui – ne trouvant pas de job – se voyaient contraints de monter leur propre affaire ou de proposer leurs services en leur nom propre faute d’employeurs. Les jeunes créent désormais leurs entreprises alors qu’ils sont encore sur les bancs de l’Université

Notre époque – aussi terrible peut-elle être par certains aspects – mérite d’être vécue. Les ruptures qu’elle amène dans nos comportements modifient profondément notre rapport aux choses et améliorent notre existence dans de nombreux domaines. L’évolution technologique et l’innovation permettent l’émergence de nouveaux usages. Lorsque ceux-ci deviennent massifs, il se produit un basculement. C’est ce qui passe dans le rapport des plus jeunes au monde du travail.
A des générations de salariés se substituent des nuées d’entrepreneurs. Ce n’est plus l’indépendance telle que des générations précédentes l’ont parfois expérimenté à leurs corps défendants. Fini les salariés licenciés qui – ne trouvant pas de job – se voyaient contraints de monter leur propre affaire ou de proposer leurs services en leur nom propre faute d’employeurs. Nous avons affaire désormais à des jeunes qui créent déjà leurs entreprises alors qu’ils sont encore sur les bancs de l’Université. Ou des trentenaires qui – après un début de carrière insatisfaisant ou précaire – décident de prendre leur destin en mains.
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Ce qui se passe en France est à ce titre très révélateur. Notre voisin réputé pour sa formation de haut niveau a longtemps formé des élites pour son administration et plus tard pour les directions des grandes entreprises du CAC 40. La crise se prolongeant, ce sont désormais les jeunes fraîchement diplômés des grandes écoles qui – à défaut de travailler pour la République ou ses fleurons industriels – créent leurs boîtes. C’est que l’on appelle la French Tech avec déjà toute une série de start up et d’entreprises remarquables. Un véritable exploit dans un pays pas connu pour sa capacité à soutenir l’initiative individuelle.
Qu’est-ce qui a changé par rapport à la génération précédente? Il y a certes une multitude de désagréments dans le monde du travail traditionnel qui mettent à distance les moins de trente ans. Mais il y a surtout toute une série d’opportunités qui permettent de créer désormais son entreprise beaucoup plus facilement qu’auparavant. Demander à une classe d’HEC en Suisse «qui veut devenir entrepreneur?» et la moitié des étudiants lèvent la main. Là où il y avait la plus grande sécurité de trouver le plus rapidement un job dans une entreprise bien établie avec un bon salaire dès le début de la carrière, il y a désormais une parfaite compréhension des nouveaux outils qui dédramatisent la prise de risque. Crowfunding pour aller chercher des fonds, e-commerce pour vendre ses produits, réseau social pour trouver des partenaires ou des collaborateurs, etc. L’ère numérique permet désormais de construire une vie bien réelle d’indépendant.