Tous comptes faits, il n'est pas si gros ce déficit des finances
Jean-Louis Richard
Tous comptes faits, il n'est pas si gros ce déficit des finances publiques américaines. Selon le projet de budget que le président George Bush a déposé lundi au Congrès, il sera de 390 milliards de dollars pour l'année fiscale 2005-2006, soit 3,0% du produit national brut (PNB). Même en incluant les opérations militaires en Irak et en Afghanistan, 80 milliards pour le moment, et le coût d'une éventuelle réforme des retraites, les finances publiques paraissent en meilleure forme en Amérique que de ce côté-ci de l'Atlantique. Le déficit allemand en est à 3,9% du PNB. Celui de la France à 3,5%. Avec une croissance économique plus dynamique, l'Etat américain devrait éprouver moins de peine que les Européens à combler l'écart entre les dépenses et les recettes.
Le creusement rapide du déficit depuis quatre ans a fait des Etats-Unis le premier débiteur de la planète. La dette publique, 8000 milliards de dollars, est colossale. Mais, encore une fois, elle n'a rien de dramatique lorsqu'on la compare à la taille de l'économie. Elle représente moins de 39% du PNB, contre plus de 60% en France et en Allemagne. S'ils le voulaient, les Etats-Unis auraient les moyens d'emprunter 1000 ou 2000 milliards de plus pour financer la réforme des retraites présentée la semaine dernière.
Malgré la prodigalité de l'administration au cours des quatre années écoulées, les finances publiques américaines ne sont pas en aussi mauvais état qu'on l'entend souvent. Le président Bush entend néanmoins effectuer un virage à 180 degrés. Il veut réduire de moitié le déficit d'ici à son départ de la Maison-Blanche. Y arrivera-t-il?
Les parlementaires vont batailler ferme, y compris dans les rangs républicains, pour sauver les subsides fédéraux dont ont jusqu'à présent bénéficié leurs circonscriptions. George Bush a indiqué qu'il y jouerait le «capital politique» que lui a conféré sa récente réélection. Il a reçu ce week-end un soutien inattendu en la personne de Christian Noyer. Le gouverneur de la Banque de France a déclaré croire au changement de cap budgétaire. Lundi, enfin, la forte hausse du dollar a témoigné de la confiance des marchés financiers. Pour le moment, ce budget de rupture est pris au sérieux.