La colère est finalement assez contenue aux abords du tarmac. Certes, des employés de chez Swissport évoquent leur mécontentement. Mais pas plus de 200 personnes, sur les 1000 que compte l’entreprise dans le canton, ont pris part aux manifestations de la semaine.

Les réductions de salaires peuvent pourtant être spectaculaires, et elles touchent un grand nombre d’entreprises sur la parcelle. Partout, on se serre la ceinture, mais les licenciements sont rares. On aurait d’ailleurs pu s’attendre à des mesures plus drastiques, car les avions demeurent cloués au sol et la reprise s’annonce lente et incertaine.

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L’aéroport de Genève met en évidence la puissance du chômage partiel, cette réduction de l’horaire de travail qui permet, grâce à l’Etat, aux employeurs de tenir longtemps face aux vents contraires et aux salariés de laisser passer l’orage. Chez Swissport, la majorité du personnel est en RHT. Chez Skyguide et dans les principales compagnies aussi.

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Sera-ce suffisant? Les têtes sont hors de l’eau, les mentons vers l’avant. Tout tient à un fil. Le secteur compte sur une reprise du trafic cet été, dans le sillage des vaccins, si tout va bien. S’il n’y a pas de mauvaises surprises semblables à celles de la rentrée, des restrictions de voyage dans les pays voisins à la variante du virus qui a coupé les liaisons avec le Royaume-Uni.

La question du climat

Même si les passagers vaccinés reviennent cet été, rien ne dit qu’on renouera un jour avec les flux de 2019. Cette année-là à Genève, un quart des voyageurs ont volé pour le travail. Ils hésiteront d’autant plus à revenir que le télétravail a fait ses preuves.

Il y a le climat. Souvenez-vous, avant la crise, de ces marches pour le climat. On guettait alors leur éventuel impact sur le trafic aérien, minime certes, à part en Suède où l’on évoquait le mot «flygskam», la honte de prendre l’avion. La pandémie semble avoir éveillé les consciences. Un sondage relayé par Bloomberg indique qu’un tiers de la population globale serait prête à voler moins après la pandémie pour préserver la planète.

Dans l’aviation, la crise promet de durer plus longtemps qu’ailleurs. Il demeure donc une forme inquiétante de suspens à Cointrin et dans les autres aéroports.