Le réveil est aujourd’hui brutal. Alors que plusieurs délégations d’élus suisses se sont rendues à Bruxelles, le monde politique prend conscience que les fronts sont totalement figés entre la Suisse et l’UE. Dans une interview, le vice-président de la Commission européenne Maros Sefcovic s’est montré si inflexible qu’il a incité la Commission de politique extérieure à prendre le taureau par les cornes. Il met dans la balance 1 milliard de francs supplémentaire à titre d’aide à la cohésion pour obtenir l’association pleine et entière de la Suisse au prochain programme européen de la recherche Horizon Europe.
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Il s’agit là d’un double signal. Envers Bruxelles d’abord. Oui, il reste en Suisse des forces de bonne volonté qui tiennent à sauver la voie bilatérale en la modernisant, quitte à briser quelques tabous. L’aide à la cohésion n’est plus volontaire, mais peut être envisagée comme une contribution régulière.
Un signal ensuite envers le Conseil fédéral, où le pilote du dossier, le chef des Affaires étrangères Ignazio Cassis, semble avoir perdu toute crédibilité. Parce qu’il est bloqué dans ses propositions par ses collègues ou parce qu’il ne songe qu’à donner des gages à l’UDC en vue de sa réélection en 2023? Peu importe, à vrai dire. Car la Suisse ne peut pas se permettre de laisser ce dossier enlisé durant deux ans de plus, tant le risque de délocalisation d’emplois est réel.
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Il ne faut pas se bercer d’illusions. L’UE n’est pas un supermarché dont la Suisse peut s’offrir l’accès en versant des milliards de francs ou d’euros. Il est fort probable qu’elle accueillera la proposition suisse avec une grande méfiance. Et qu’elle continuera de mettre la Suisse sous pression: sans la garantie d’une feuille de route incluant des pistes institutionnelles sur le règlement des litiges, elle n’accordera vraisemblablement pas la pleine association des chercheurs suisses à Horizon Europe.
Tous ceux qui voulaient enterrer le dossier européen en sont pour leurs frais. Celui-ci redevient plus actuel que jamais.