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Le risque du plurilatéralisme
Tous les 164 Etats membres, y compris la Russie et l’Ukraine, ont donc envoyé leurs délégués à Genève, après avoir dû déprogrammer à deux reprises ces déplacements dans le passé récent, coronavirus oblige. Ils ont quelques jours (et nuits) pour se mettre d’accord sur certains dossiers fondamentaux, ou au moins un d’entre eux. Le mode de décision, par consensus, rend le processus à la fois beau et compliqué, puisqu’il faut éviter le veto, le blocage du tout par un seul pays. Un travail qui se construit lentement, parfois péniblement.
Et en termes d’accord, justement, les choses sont loin d’être gagnées. Le paysage géopolitique et économique est morcelé, constitué de blocs qui n’en sont pas vraiment non plus. Les pays riches sont divisés sur les questions de propriété intellectuelle et de subventions. Les pays en développement ne sont pas plus unis en raison de leurs besoins divergents. L’Inde est considérée en ce moment comme une puissance bloquant les processus. La Suisse ne fait pas mieux sur certains dossiers, à l’image de ses positions sur la question des brevets. Chacun des Etats peut faire échouer tout le processus, à lui seul.
Face à cette situation, le risque actuel est plus que jamais le plurilatéralisme. Quelques groupes de pays décident de signer des accords entre eux, lassés d’attendre, convaincus qu’ils n’ont pas besoin des autres. Dans les faits, les perdants de cette évolution sont les pays les plus petits ou les plus faibles. La principale menace face à de tels accords: qu’ils gangrènent le système multilatéral. Créer le consensus sera le principal défi de Genève 2022. Comme un reflet de la situation mondiale.