Ce procès du 13 novembre réveillera aussi notre mémoire. Où étions-nous ce soir de l’automne 2015 lorsque, vers 21h20, la première bombe a explosé au Stade de France, à Saint-Denis, où les Bleus affrontaient l’Allemagne en match amical de football, avant que les tueurs ne massacrent 130 personnes au Bataclan et sur les terrasses de cafés-restaurants voisins? Chacun d’entre nous s’en souvient, comme pour l’attaque contre les tours de New York du 11 septembre 2001, dont le 20e anniversaire approche. «Terreur sur Paris» titrait deux jours plus tard Le Temps, dans une édition spéciale et inédite publiée le dimanche 15 novembre. Une même interrogation nous a alors submergés, dans les rues de la capitale française assommée comme en Suisse et ailleurs. Comment ces commandos, composés pour l’essentiel de jeunes Français et Belges fanatisés, ont pu, au nom d’une vision dévoyée et meurtrière de l’islam, entrer en guerre contre la France et l’Europe? Le parallèle avec le 11 septembre 2001 et la «guerre à l’Amérique» déclarée par Oussama ben Laden et Al-Qaida, soutenus par les talibans afghans – de nouveau au pouvoir à Kaboul – ne pouvait pas être plus douloureux.
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Devoir de résistance
Parce qu’il incarne notre réponse judiciaire et basée sur les faits au fléau aveugle de la terreur, ce procès des attentats du 13 novembre sera intégralement filmé, et c'est essentiel. Il permettra de conserver les paroles, les visages, les gestes, les larmes et la trace qu’aucune archive écrite ne pourrait reproduire. Ces images, dont celle de l’unique survivant des commandos, Salah Abdeslam, formeront pour l’histoire un récit unique.
Retrouvez ici notre numéro spécial du 15 novembre 2015: «Terreur sur Paris»
La France attaquée, blessée, défigurée par les terroristes s’apprête à revivre, à travers ces audiences, une tragédie que beaucoup ne comprennent toujours pas. Sa justice et sa capacité collective à répondre à l’insoutenable par le droit incarneront, durant ces longs mois de débat, notre devoir commun de résistance.