Quelques jours avant de rencontrer des responsables politiques au Moyen-Orient, de se rendre au G7 en Italie et de participer à un sommet de l’OTAN à Bruxelles, Donald Trump entame son premier voyage à l’étranger très affaibli. La multiplication des crises découlant de sa présidence cause une instabilité rarement vue à Washington.

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En transmettant au ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov des renseignements classés ultra-confidentiels, le président américain n’a peut-être pas violé la Constitution. Mais il a trahi un pays allié au Moyen-Orient (sans doute Israël) qui a fourni à l’administration américaine des informations très sensibles sur le groupe Etat islamique. Le milliardaire new-yorkais a saboté un principe fondamental du renseignement: la confiance. Des responsables américains conseillent déjà à leurs homologues israéliens de ne partager des informations avec l’administration Trump qu’avec circonspection. Dès lors, comment Angela Merkel ou Emmanuel Macron peuvent-ils se confier au président américain sans craindre de voir le contenu de leurs conversations partagé avec d’autres puissances, dont la Russie?

Le rôle des médias

S’agit-il d’incompétence crasse ou d’une compromission assumée avec le Kremlin? Après le limogeage du directeur du FBI James Comey dont l’organisation enquête sur les liens étroits entre plusieurs proches de Donald Trump et des responsables russes, la question est explosive. L’affaire révèle l’invraisemblable chaos qui règne à la Maison-Blanche. Erratique, Donald Trump n’hésite jamais à se mettre en porte-à-faux avec son équipe de communication. Mardi, il a discrédité son conseiller à la sécurité nationale, le général McMaster, qui s’était appliqué à nier tout scandale un jour plus tôt. On s’interroge aussi sur la crédibilité qu’aura le président pour nommer un directeur du FBI.

Deux facteurs peuvent interrompre cette dérive: les médias, qui, à travers le Washington Post, semblent montrer qu’ils font leur travail. Et les élus républicains, qui, pour l’heure, se contentent d’acquiescer aux actes de leur incontrôlable président. A force de mettre le parti avant le pays, ils pourraient en payer le prix fort lors des élections de mi-mandat de 2018.

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