Se profiler dans la finance durable. Cela ressemblait à un très bon filon. Encore peu défini il y a quelques années, le concept ne pouvait que séduire: gagner de l’argent tout en sauvant le monde. Ou en tout cas, préserver sa fortune des aléas climatiques. Les grands gérants d’actifs, à l’instar du géant BlackRock, l’ont saisi.

Sauf que cela s’est retourné contre eux. Alors que les inquiétudes liées au climat grandissent, les financiers promettant de s’atteler à l’enjeu planétaire allaient être scrutés. Problème: leurs engagements se sont souvent révélés faibles, cosmétiques. A l’inverse, le retour de bâton d’une partie des républicains aux Etats-Unis, outrés qu’on «discrimine» des investissements dans le charbon ou le pétrole, est tout aussi virulent.

Des faits, pas des opinions

Pour les gérants d’actifs, surtout américains, la parade s’est souvent avérée assez simple. Intégrer les questions climatiques dans l’investissement est nécessaire. Pourquoi investir dans le charbon si cette source d’énergie doit être abandonnée? Mais si le client s’obstine, nous sommes là pour le servir, pas pour faire de la politique.

Une réponse qui laisse sur sa faim. Le changement climatique et ses dégâts sont des faits. Avec ou sans la pression d’investisseurs ou de la société civile, beaucoup de secteurs effectuent une transition parce qu’elle est nécessaire pour que les entreprises continuent de prospérer. Les constructeurs automobiles passés à la voiture électrique sont emblématiques de cette transformation.

La finance n’est pas une industrie à part. Mais ses moyens démesurés lui confèrent une responsabilité particulière. Parce qu’elle peut décider ou non d’investir, puis d’influencer une entreprise. Bien sûr, il s’agit de l’argent des clients. Mais ceux-ci consultent justement les géants de la gestion d’actifs pour leurs conseils avisés.

Il ne faut pas forcément opter pour des décisions radicales: des études ont montré qu’exclure des sociétés trop polluantes n’a aucun impact sur les performances et ne permet pas de les faire changer. Il s’agit de contribuer à une transition nécessaire, à investir dans des énergies et jouer son rôle d’actionnaire de façon active. Dans l’état actuel de la transition, les énergies fossiles sont encore incontournables pour le fonctionnement de nos économies. Mais il est impératif d’arrêter de financer de nouveaux gisements. Et de ne plus se laisser séduire par le pétrole qui flambe à cause de la guerre et de la crise énergétique.

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