Sous pression, Coop et Migros pointaient du doigt les marques internationales, les accusant de profiter des Suisses pour renflouer leurs caisses vidées par la crise. Ferrero et BMW répliquaient en affirmant avoir répercuté les taux de change sur les prix qu’ils faisaient aux distributeurs suisses. Si le consommateur était clairement perdant, difficile en revanche de pointer le gagnant.
Parfois, il faut user d’explosifs pour éteindre les incendies. Il y a exactement deux ans, la Banque nationale suisse (BNS) a utilisé une arme qualifiée de nucléaire pour étouffer le brasier. En instaurant un taux plancher défendu «avec toute la détermination requise», la BNS a donné à l’ensemble du pays – et surtout aux exportateurs – la prévisibilité attendue. En ce sens, c’est un sans-faute.
En revanche, elle a involontairement asphyxié le sain débat sur l’îlot de cherté suisse. Certes, il y a eu depuis quelques actions symboliques – l’amende infligée par la Comco à BMW – et quelques baisses de prix conséquentes mais, globalement, presque rien n’a changé. Même si le franc reste surévalué selon les experts, le sujet est clos.
Ou devenu tabou. Certains interlocuteurs rechignent à aborder cette question. Ou font preuve d’une étonnante nervosité lorsque l’on utilise des mots comme «franc fort» ou «importations parallèles». Comme s’ils craignaient de souffler sur de vieilles braises. Le débat doit pourtant être rouvert. Sur les terres brûlées poussent parfois d’excellentes récoltes.