Le G20 joue sa crédibilité face aux banques
Redevenues rentables, et puissantes, les banques s’opposent à toute réforme profonde. Le véritable test de gouvernance mondiale se joue donc face à elles.
En avril, à Londres, nous avions qualifié le sommet d’«historique». Le G20, qui rassemble les plus grandes économies développées et émergentes, se réunissait pour la première fois, afin de contrer la pire récession depuis les années 30. Portés par un Barack Obama fraîchement élu à la Maison-Blanche, les 20 leaders définissaient «une réponse mondiale à une crise mondiale». Restait à passer à l’acte.
Du concret, il en est venu. La foudre s’est abattue sur une cible facile à atteindre, les «paradis fiscaux». Le secret bancaire pour échapper au fisc est mort. Mais pas de chance, cela n’a rien à voir avec la crise financière. Hélas, c’est bien le seul résultat concret depuis avril.
L’orage gronde à présent au-dessus des bonus des banquiers. Les Européens se sont entendus pour présenter cette fin de semaine à leurs collègues du G20 un plan pour les limiter. Pas de chance là encore. Même si l’on peut dénoncer leurs excès, les bonus sont plus un symptôme d’un système qui déraille que sa cause.
Populiste, le projet des politiques européens révèle surtout que le système financier qu’ils voulaient réformer n’a pas changé. Les banques versent des profits parce qu’elles redeviennent rentables, comme avant.
Pendant ce temps, le problème central s’aggrave: le risque systémique que font courir les grandes banques internationales a augmenté. La faillite de Lehman Brothers, il y a presque un an, a provoqué un mouvement de consolidation qui a donné naissance à des banques plus grandes et plus interdépendantes. Surtout, les sauvetages de banques en série pour maintenir la finance à flot ont fait de la faillite une fiction. Autrement dit, il n’y a plus de malus pour les banquiers.
Pour réformer le système financier, l’Histoire donne des pistes. Pourquoi ne pas faire comme en 1933, lorsque les Etats-Unis avaient interdit le cumul de certaines activités bancaires, jugé responsable de la crise… un cumul qui avait été de nouveau autorisé en 1999?
Redevenues rentables, et puissantes, les banques s’opposent à toute réforme profonde. Le véritable test de gouvernance mondiale se joue donc face à elles. Au G20 de faire preuve de courage lors de sa prochaine réunion, fin septembre à Pittsburgh, pour assumer sa responsabilité, «historique».