Les dirigeants des 19 premières économies mondiales, plus ceux de l’Union européenne, se dirigeaient de toute façon vers un accord a minima. Vu la dégradation des relations entre Barack Obama et Vladimir Poutine, sur fond d’affaire Snowden, le sommet du G20 de Saint-Pétersbourg qui s’ouvre jeudi manquait déjà d’arguments pour s’imposer comme le lieu incontournable d’une nouvelle gouvernance mondiale. L’OCDE, principal opérateur de la lutte contre l’évasion fiscale des individus et des multinationales – assurée, elle, du consensus des participants –, misait dès lors sur un succès au moins partiel dans ce domaine. Avec raison: la déclaration finale appelant entre autres à la généralisation de l’échange automatique d’informations n’a, en théorie, que des partisans dans cette enceinte.

Les divergences politiques et diplomatiques exacerbées par les massacres à l’arme chimique commis en Syrie posent en plus à ce sixième sommet du G20 des questions existentielles. Les grandes puissances occidentales contestées peuvent-elles associer davantage les pays émergents à leurs décisions si ces derniers n’assument pas leur part de responsabilités? Un consensus sur des normes fiscales dont la mise en application prendra de toute façon de longues années peut-il remplacer un dessein commun? Les pays membres du G20, des Etats-Unis à l’Indonésie en passant par le Brésil, peuvent-ils se laisser paralyser par l’impuissance engendrée par leurs fractures?

Envisager des frappes contre le régime criminel de Bachar el-Assad est un sujet légitime de débat. La tentation de l’ingérence est à manier avec d’infinies précautions. La question de la sortie de crise doit sans cesse être reposée. Mais dans tous les cas de figure, l’efficacité des tirs de missiles de haute précision dépendra énormément du message politique qui les accompagnera. Le régime syrien profitera à coup sûr d’un sommet sans agenda ni vraie volonté de mettre fin au conflit.

Pire: un G20 qui se transformerait, comme Vladimir Poutine en rêve sans doute, en tribunal anti-Obama saperait le peu de confiance encore attachée à cette instance aux Etats-Unis. Au lieu d’incarner un recours, ce forum désarmé et divisé deviendrait alors un facteur supplémentaire d’insécurité.