Les Genevois ont plébiscité un texte – la bien nommée loi pour une mobilité cohérente et équilibrée – qui devait garantir un développement harmonieux des modes de transport sur leur territoire, afin d’accompagner le lancement alors prochain du Léman Express. C’était il y a quatre ans déjà. Depuis, malgré les grèves en France, malgré la pandémie, le train transfrontalier est sur les rails. Les bouchons, eux, pèsent toujours sur les routes genevoises, où les tensions restent vives entre les différents usagers.

Les espoirs du vote de 2016 ne se sont pas concrétisés pour des raisons très terre à terre: la priorité accordée par les urnes en centre-ville aux transports en commun et à la mobilité douce se heurte aux obstacles physiques que sont les places de parking. Or, les rues du centre ne sont pas extensibles. Cet axiome restant valable pour les siècles à venir, il faut faire de la place aux bus en retirant des stationnements afin de respecter la volonté populaire.

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Confirmer 2016

C’est la voie qu’avaient suivie le Conseil d’Etat et une majorité du Grand Conseil il y a un an, avant que le TCS ne lance un référendum. Le 27 septembre prochain, un nouveau vote attend donc les citoyens, seuls à décider s’ils veulent confirmer leur choix de 2016.

L’irruption, un soir de confinement, de larges pistes cyclables et les polémiques qui ont suivi rendent peu probable le fait que le score d’il y a quatre ans (68% de oui) se répète dans les mêmes largeurs. L’initiative, certes louable, a créé un clivage encore plus grand entre cyclistes et conducteurs. Il serait toutefois regrettable que l’élan insufflé alors, confirmé par les lancements du tram vers Annemasse et du Léman Express, suivi de l’impeccable adaptation des TPG à ces nouveaux pôles, ne retombe dans un mouvement de mauvaise humeur. La Constitution cantonale garantit le libre choix des modes de transport. Il est temps que cet article ne concerne plus uniquement les voitures et qu’il permette aux bus d’offrir une vitesse commerciale élevée et aux cyclistes de rouler en sécurité.

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Matière première

Ce combat ne doit toutefois pas se transformer en lutte entre le camp du Bien à zéro émission et celui des adeptes du moteur forcément arriérés, sourds à la marche du Progrès. C’est malheureusement la teinte que prennent souvent les débats sur les réseaux sociaux. Le sentiment, notamment chez les entrepreneurs, que cette marche se fait, à pas forcés, contre leurs intérêts est inquiétant. Il est temps de reconstruire du consensus politique, cette matière première helvétique qui fait parfois défaut à Genève. Par exemple en misant sur des projets qui ont fait l’objet de compromis des deux camps politiques: un aménagement routier contre une zone piétonne.