ÉDITORIAL. Les crèches privées sont soumises à de nouvelles contraintes qui mettent à mal leur existence. Des fermetures accentueraient une crise déjà endémique, que la municipalisation, voulue par le Parti socialiste, ne résoudra en rien

Il manque 3200 places de crèche à Genève. Cette carence pèse d’un poids anormal sur de jeunes parents sommés de trouver des solutions par eux-mêmes, en sollicitant des aïeuls à la retraite pour ceux qui ont la chance d’en avoir, en dénichant des mamans de jour déjà débordées ou en en rabattant sur leurs propres ambitions professionnelles. La plupart du temps, c’est la mère qui doit revoir la date de son arrivée ou de son retour sur le marché du travail, retardant d’autant une égalité entre les sexes qui prend toujours plus l’apparence d’une chimère, vu le rythme auquel elle se profile en Suisse.
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Dans ce contexte, on attendrait du législateur qu’il favorise la création de places afin que toutes les énergies soient concentrées sur la résolution de ce problème languissant. Pour les associations qui gèrent les espaces de vie enfantine et les structures privées, l’administration et les élus devraient être une aide au quotidien afin de mettre de l’huile dans les rouages. Or, c’est exactement l’inverse qui se passe à Genève. Les crèches, déjà un secteur surréglementé, sont sommées d’obéir à de nouvelles dispositions qui uniformisent les salaires de tous les employés de la petite enfance, dans le public comme dans le privé. Elles s’ajoutent à un autre changement, voulu dans les urnes par les Genevois: la création d’un salaire minimum. La nouvelle ministre cantonale du Travail, la Verte Fabienne Fischer, en a présenté la semaine dernière les modalités d’application. Sans surprise, les options maximalistes s’appliqueront, dans la petite enfance également.
Places menacées
Pour les crèches privées, ces exigences représentent des coûts supplémentaires que beaucoup ne pourront pas supporter. Plusieurs centaines de places sont menacées alors même que la pénurie sévit depuis des années. Dans ce contexte, il faut saluer le courage de la fondatrice de la chaîne TotUp, qui va contester devant les tribunaux l’obligation qui lui est faite d’adopter pour son personnel les mêmes conditions de travail que celles qui ont cours dans les institutions publiques genevoises.
Le Parti socialiste genevois prétend pouvoir résoudre les problèmes de ce secteur par sa municipalisation, vue comme un remède miracle à l’usure alléguée par les comités bénévoles et aux inégalités de traitement. La mesure coûtera au bas mot 25 millions de francs au contribuable sans créer la moindre place supplémentaire. L’issue ne viendra pas de là, mais de la réunion de tous les acteurs, publics comme privés, associations, parents, élus, afin de trouver des solutions innovantes qui évitent les réglementations contraignantes.
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