Le Jura aura rarement été si proche de faire son entrée au Conseil fédéral. Le Parti socialiste a choisi de faire figurer Elisabeth Baume-Schneider, sur le ticket pour remplacer Simonetta Sommaruga, qu’il présentera au parlement lors de la session qui commence ce lundi. Eva Herzog, l’ancienne ministre de Bâle-Ville, accompagnera la sénatrice des Breuleux. L’Assemblée fédérale tranchera le mercredi 7 décembre, après avoir choisi un successeur à Ueli Maurer.

Outre-Sarine, la perspective d’avoir une majorité de Latins au sommet de la Confédération défrise. Si Elisabeth Baume-Schneider devait être élue, elle rejoindrait en effet Alain Berset, Guy Parmelin et Ignazio Cassis, laissant à Karin Keller-Sutter, Viola Amherd et un UDC à déterminer entre Albert Rösti et Hans-Ueli Vogt le soin de former une minorité alémanique.

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Le Parti libéral-radical a déjà fait savoir, article 175, alinéa 4 de la Constitution à l’appui, qu’il considère que les Latins sont suffisamment représentés au Conseil fédéral. Un argument qui cache mal qu’il est, en réalité, en train de défendre la place d’Ignazio Cassis, qui devra convaincre de son utilité dans un an à l’occasion des élections fédérales. C’est bien l’éventualité d’élire conjointement une Bernoise (Evi Allemann) et un Bernois (Albert Rösti) qui aurait dû inquiéter le parti qui a construit la Suisse moderne.

Un puzzle confédéral

Lisons cet article: «Les diverses régions et les communautés linguistiques doivent être équitablement représentées au Conseil fédéral.» Jura, Fribourg, Vaud, Tessin, Saint-Gall, Valais et Berne ou Zurich. Telle serait la composition cantonale du gouvernement en cas d’élection d’Elisabeth Baume-Schneider. Ce puzzle dévie-t-il de l’esprit de la Constitution? Il nous semble que non. Faire entrer un canton au gouvernement pour la première fois de son histoire, n’est-ce pas équitable, au regard de la permanence d’élus vaudois, bernois ou zurichois?

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La Jurassienne est la représentante d’un canton officiellement francophone. Mais par bien des aspects, ses électeurs entretiennent des liens plus étroits avec les Bâlois et les Soleurois qu’avec les Genevois et les Valaisans. Cette région-là de la Suisse romande a aussi le droit de se voir représentée au sommet de la Confédération. Le discours vaut également pour Bâle-Ville, qui attend depuis cinquante ans. L’équilibre géopolitique étant préservé, entrons dans le débat d’idées qui doit nourrir cette élection partielle comme l’année électorale qu’elle va ouvrir.