Gesda, le saut qualitatif nécessaire pour la Genève internationale
Du 7 au 9 octobre se tient à Genève le Sommet global du Geneva Science and Diplomacy Anticipator. A l’heure où les nouvelles technologies sont en train de transformer la gouvernance mondiale, cet «anticipateur» ultra-ambitieux est une chance pour le multilatéralisme au bout du Léman. Mais l’initiative comporte aussi des risques

Pour le Geneva Science and Diplomacy Anticipator, le sommet qui s’ouvre ce jeudi est un moment de vérité. Si sa création par la Confédération et les pouvoirs publics genevois a pu susciter des critiques parfois acerbes, cet «anticipateur» de la science et de la diplomatie est sans doute ce qui arrive de mieux à la Genève internationale depuis des années. Face à un multilatéralisme qui est à la peine, celle-ci a besoin d’un sérieux coup de fouet pour qu’elle soit à la hauteur des défis de demain.
Les révolutions scientifiques en cours, qui vont encore s’accélérer de façon vertigineuse ces prochaines années, auront un impact considérable sur la gouvernance mondiale. Chercher à les identifier le plus tôt possible, à anticiper leur impact potentiel et à les intégrer dans des solutions multilatérales aux sérieux problèmes auxquels nous allons être confrontés est non seulement innovateur, c’est aussi faire entrer la science par la grande porte de la diplomatie multilatérale. Un acte indispensable au vu de la tâche herculéenne consistant à mettre en œuvre, d’ici à 2030, les Objectifs de développement durable de l’ONU, une petite révolution copernicienne à l’échelle onusienne.
Un rôle fondamental
Jusqu’ici, les acteurs scientifiques n’ont pas été des interlocuteurs incontournables dans les enceintes multilatérales. Ils doivent le devenir. On l’a vu avec la pandémie de Covid-19, leur rôle est fondamental. En ce sens, même si elle n’est pas la seule à le faire, la Suisse, dont la Genève internationale est un pilier important de sa politique étrangère, a raison d’embrasser la diplomatie scientifique. Il faudra toutefois qu’elle engage les moyens nécessaires à long terme pour que Gesda ait une chance de réussir.
Quant à la Genève internationale, elle semble aujourd’hui tétanisée par les problèmes budgétaires. L’ONU et les ONG traversent une passe difficile sur le plan financier. Or face au changement technologique, elle n’a pas le choix. Un saut qualitatif s’impose pour être à la hauteur d’une gouvernance en pleine redéfinition. En capitalisant sur des scientifiques, diplomates et experts du monde entier, Gesda lui offre une occasion en or de le faire.
Mais il faut en être conscient: toute initiative de cette ambition comporte des risques. A commencer par des querelles politiques locales et une peur de la part des acteurs de l’écosystème genevois de jouer collectif dans l’optique de la défense du bien commun. La responsabilité du succès ou de l’échec incombera en premier lieu à Gesda, mais aussi à tous les acteurs de la Genève internationale, publics et privés. Gesda devra rester ouvert sur l’extérieur. En fin de compte, sa finalité n’est pas simplement Genève, c’est l’humanité tout entière.
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