Le tête-à-tête avec le maître du Kremlin n’a rien de multilatéral. Il constitue une tentative de pacifier une relation bilatérale américano-russe en très mauvais état. Avec sa tournée en Europe, Joe Biden renoue visiblement avec la diplomatie. Mais on attend encore de le voir concrétiser un vrai retour au multilatéralisme après les années Trump qui ont marqué un repli unilatéral préoccupant de la première puissance mondiale.
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Les signaux ne sont, pour l’heure, pas bons. Ces prochains jours, le chef de la Maison-Blanche devrait nommer plus d’une dizaine d’ambassadeurs. Dans la liste du président démocrate, aucun nom pour le poste de chef de la mission des Etats-Unis auprès de l’ONU à Genève, resté vacant depuis le départ du très trumpien Andrew Bremberg. C’est une omission inquiétante et contre-productive.
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L’administration de Donald Trump avait porté un coup dur à la Genève internationale en se retirant du Conseil des droits de l’homme (CDH), en annonçant qu’il allait en faire de même avec l’OMS et en menaçant de mort l’OMC. A Washington, on s’est rendu compte des dégâts considérables de cette politique de la chaise vide qui a ouvert un boulevard à la Chine. Cette dernière ne s’est pas privée de combler le vide.
C'est avec un fort engagement des grandes puissances à Genève, Etats-Unis y compris, que pourront être élaborés le cas échéant les compromis multilatéraux nécessaires pour que les risques géopolitiques du moment ne débouchent pas sur de réels et dangereux conflits.
Le retard dans la nomination d’un ambassadeur américain à Genève apparaît incompréhensible. Au G7 de Cornouailles, au sommet de l’OTAN à Bruxelles, Joe Biden a cherché à convaincre les démocraties européennes de s’allier à Washington pour mieux contrer la montée de l’autocratique Chine. Or si Pékin est le principal défi stratégique américain, la Maison-Blanche doit aussi mener sa bataille géopolitique là où elle est particulièrement vive. A Genève. Sans quoi le retour des Etats-Unis au multilatéralisme pourrait n’être qu’un leurre.