Le ralentissement, sous l’effet du franc fort, de l’immigration démontrerait que les lois de l’économie fonctionnent. C’est l’avis exprimé par le directeur de l’Union patronale suisse (UPS) pour commenter les statistiques 2015 de la libre circulation des personnes, qui montrent une légère décrue du solde migratoire. Ce tassement provient surtout des branches tributaires du taux de change, l’exportation, la manufacture, le commerce de détail.

Lire aussi:  Seul le franc fort ralentit l’immigration

Il n’y aurait a priori pas nécessité d’agir. C’est oublier que le peuple a exprimé son mécontentement face à la pression migratoire en acceptant l’initiative de l’UDC le 9 février 2014. Et, comme le Royaume-Uni ne s’est pas préparé au Brexit, la Suisse ne s’était pas préparée à ce verdict. La preuve? Elle se trouve dans un communiqué de presse qui n’aurait jamais dû être publié mais qui s’est retrouvé par mégarde sur le site Internet de l’Union suisse des arts et métiers (USAM).

Dans ce communiqué daté du 9 février 2014, qui tablait sur le rejet de l’initiative, l’UPS, l’USAM et Economiesuisse saluaient «la confirmation de la voie bilatérale» et prenaient note «avec satisfaction qu’une majorité de citoyens refusent des expérimentations à l’issue incertaine dans le domaine de la politique extérieure» (sic). Le problème, c’est que le peuple a accepté l’initiative et pris ainsi le risque de mener des «expérimentations à l’issue incertaine». Une fois le lapsus constaté, l’USAM s’est empressée de retirer ce communiqué erroné de son site.

C’est donc bien un oui que les électeurs ont glissé dans les urnes en ce fameux dimanche d’hiver. Il faut par conséquent donner une suite à cette initiative UDC que les organisations économiques n’ont pas su anticiper au point de se retrouver aujourd’hui comme David Cameron face au Brexit.

L’article constitutionnel exige des contingents. Mais il dit aussi qu’il faut tenir compte des «intérêts économiques globaux» du pays. Si l’économie veut convaincre le peuple que la seconde partie prime sur la première, elle doit commencer par apporter la preuve qu’elle ne recrute pas à l’étranger simplement parce que la main-d’œuvre y coûte moins cher. Le rapport publié mardi n’écarte pas ce soupçon. Il montre juste que le franc fort ralentit l’immigration.

Le Temps publie des chroniques et des tribunes – ces dernières sont proposées à des personnalités ou sollicitées par elles. Qu’elles soient écrites par des membres de sa rédaction s’exprimant en leur nom propre ou par des personnes extérieures, ces opinions reflètent le point de vue de leurs autrices et auteurs. Elles ne représentent nullement la position du titre.