On peut se réjouir qu'Internet secoue un marché de la distribution culturelle dominé par quelques très grosses entreprises. Mais il ne faudrait pas faire l'amalgame entre la situation du marché et le métier de producteur lui-même. Car c'est bien lui qui fait le pari de miser sur un talent, de financer son mûrissement, d'attirer l'attention du public sur son éclosion, de le rendre désirable.
Internet substitue à cette complexe réalité l'illusion que la création peut trouver son
public sans passeurs. Les propriétaires de sites eux-mêmes le savent bien: les œuvres aujourd'hui téléchargées à tour de bras sont bien celles qui ont bénéficié, en amont, d'un travail d'élaboration patient, et parfois d'une prise de risque importante.
Les albums auto-produits ne font pas vivre les sites qui invoquent l'absence de sélection et la gratuité comme argument publicitaire. D'ailleurs, les créateurs de ces sites, souvent issus de l'industrie traditionnelle du disque, n'aspirent qu'à une chose: devenir producteurs sur Internet. Et se faire payer pour cela…