Les enterrements en grande pompe de Benoît XVI et, avant lui, de Pelé ou de la reine d’Angleterre tranchent aussi avec la réserve dont on fait généralement preuve face à la mort. Alors qu’on essaie aujourd’hui de l’ignorer, voilà que des images montrent le visage de ceux qu’elle a emportés, dont le corps a été soigneusement préservé pour qu’on puisse le voir. Une pratique réservée dans l’Histoire aux grandes figures assimilées à des dieux, des rois ou des saints, y compris dans les régimes totalitaires, pour assurer la pérennité des systèmes qu’elles incarnaient. Ainsi, Lénine et Staline avaient été embaumés pour être exposés dans un lieu de culte érigé sur la place Rouge. En Chine, le corps de Mao avait subi le même traitement, son corps offert à la dévotion des fidèles.
Le faste avec lequel nous disons adieu à Pelé, Benoît XVI, la reine d’Angleterre ou d’autres figures importantes de notre temps est aussi la marque de notre espoir: celui que quelque chose de nous tous perdure à travers le temps. La doctrine élaborée en Angleterre au XVIe siècle autour de la figure des rois l’affirmait: à l’image du Christ, ils sont à la fois humains, c’est-à-dire mortels, et divins, donc éternels. Y croire permet d’éclairer un peu le gouffre vertigineux de la mort.
Retrouvez tous les éditoriaux du «Temps».