La Commission européenne a fait le premier pas. Prudent, son président, José Manuel Barroso, a proposé mercredi une surveillance communautaire des budgets des Etats membres.

De la Suède à la France, les réactions négatives affluent sur le thème de l’atteinte à la démocratie et aux prérogatives des parlements nationaux. En Grèce, d’où est parti l’incendie financier, le gouvernement est vilipendé parce qu’il impose désormais par décret les mesures d’austérité. On voit là les embûches qu’une future gouvernance économique européenne – dont la rigueur budgétaire est la clef de voûte – ne manquera pas de rencontrer.

L’idée, pourtant, est logique pour les seize pays qui ont adopté la monnaie unique et seront rejoints par l’Estonie en 2011. Le fait de dresser un «tableau de bord» budgétaire, évalué à Bruxelles, procède d’une saine volonté de convergence. A condition bien sûr que l’exercice soit transparent et mené de concert avec les gouvernements concernés.

La difficulté est que la Commission, pour y parvenir, ne doit pas forcer la main des Etats membres. D’où le langage flou employé dans sa recommandation, qui propose également d’accorder davantage d’importance à la dette publique et de «conditionner» l’attribution de certaines aides communau­taires.

Face aux risques réels d’implosion de la zone euro que les turbulences de ces dernières semaines ont mis en évidence, ses pays membres doivent aller de l’avant pour convaincre leurs opinions du bien-fondé d’une souveraineté davantage partagée. La discipline budgétaire communautaire doit se forger dans les capitales.

Un enjeu important sera le calendrier. Ce tournant communautaire ne peut pas être une affaire de jours. Il faudra des semaines, sans doute des mois. On parle de la fin 2010. Ce rythme risque d’être trop lent alors que, dans plusieurs pays de l’UE, l’austérité menace de tuer la croissance et de réveiller la défiance des marchés vis-à-vis de l’euro.

Le principal gardien de ce calendrier est le montant de 750 milliards d’euros de garanties mis sur la table par les Vingt-Sept pour rassurer les marchés. s 3, 15

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