Les 19 pays de la zone euro se sont donné jusqu’à Pâques pour apporter une réponse aux demandes pressantes de l’Italie pour qu’ils lui viennent en aide. Pays le plus meurtri du monde par la pandémie de Covid-19, l’Italie est aussi le plus endetté du continent après la Grèce. Son économie n’y survivra pas sans un effort sans précédent de ses partenaires européens pour afficher leur solidarité financière et garantir la confiance des marchés. En seront-ils capables? En serons-nous capables?

Faire tomber les tabous

Une réunion de l’Eurogroupe, la semaine dernière, a tourné au fiasco avec la réémergence du clivage entre tenants de l’orthodoxie financière et partisans de mesures hors des schémas classiques du libéralisme, certains ministres du nord n’hésitant pas à faire la leçon à leurs collègues du sud. Une attitude qui, face au danger auquel est confrontée l’Europe, est devenue irresponsable. Avec la crise du coronavirus, il est temps de faire tomber les tabous d’antan. C’est ce qu’a commencé à faire la Commission européenne en renonçant au Pacte de stabilité et sa règle des 3%. Il faudra aller plus loin pour relancer le continent après le passage du virus.

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Ceux qui pensent pouvoir appliquer aujourd’hui à l’Italie les règles d’austérité imposées hier à la Grèce en échange d’un soutien se trompent lourdement. L’Italie n’est pas confrontée à une crise due à une mauvaise gestion de ses deniers publics, mais à une catastrophe naturelle qui frappe l’ensemble de la planète. Demain, ce seront une majorité d’Etats européens qui seront en difficulté. Il est non seulement urgent d’actionner le Mécanisme européen de stabilité, sans condition, mais aussi toute autre mesure de relance, y compris par une mutualisation des dettes à venir si cela est nécessaire.

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Avec la Suisse

A défaut, la chute de l’Italie, demain de l’Espagne, entraînera l’éclatement de la zone euro et avec elle celle de l’Union. L’Europe est condamnée à renaître avec l’Italie ou à sombrer à ses côtés. Et pour ceux qui, en Suisse, se réjouiraient de l’échec européen, ils comprendront que ce naufrage sera aussi le nôtre. Dans cette crise, il est dans l’intérêt de la Suisse de se montrer en tout point solidaire avec l’Italie, avec l’Europe, quoi que nos voisins décident. Car nous sommes à bord du même navire, celui d’un continent dont les valeurs sont menacées de toutes parts.