La plupart des banquiers arrivent encore à maîtriser leurs nerfs. Pas tous.

Cela faisait longtemps que les milieux bancaires n’avaient connu une telle agitation. Probablement pas depuis le 13 mars 2009, jour de la mort du secret bancaire à des fins fiscales.

Pour les banquiers, l’enjeu de cette fin d’année revient, en simplifiant, à un choix binaire: participer au programme des Etats-Unis, et ainsi tourner la page du différend fiscal, au prix d’une amende redoutée très élevée. Ou y renoncer, et courir le risque d’être inculpé par la justice américaine, aucun établissement n’ayant survécu à un tel sort. La chute de la banque Wegelin reste dans toutes les mémoires.

Or, l’heure de vérité approche. Le gendarme suisse de la finance attend une réponse lundi. Les banques cotées devront l’annoncer publiquement, tout en précisant le montant des réserves destinées à couvrir la future amende. Les Américains n’attendront pas au-delà du 31 décembre pour savoir qui participe à leur programme.

A l’heure de trancher, donc, l’indécision frappe. Tous les acteurs de la place s’interrogent, fébrilement. Tous refont leurs comptes. Souvent avec colère contre les conditions américaines, qu’ils ont pourtant contribué à rendre plus strictes en demandant à Washington de les clarifier.

Certaines osent la fronde. Il est presque acquis que plusieurs établissements renonceront à se plier à ce qu’ils appellent un «diktat». Quels établissements peuvent se le permettre? Probablement de petites banques qui n’ont jamais souhaité avoir des clients américains non déclarés, et qui n’en comptent qu’une poignée.

La colère des frondeurs révèle peut-être aussi une réalité moins avouable. Nombre de banquiers auraient continué à accueillir des fraudeurs du fisc américain, après l’affaire UBS. Wegelin ne serait pas un cas si isolé.

«On ne voit qu’à marée basse qui nage nu.» Souvent appliquée aux financiers qui croyaient que le prix de l’immobilier grimperait éternellement, cette formule de l’investisseur Warren Buffett peut désormais se décliner aux banquiers qui ont cru pouvoir échapper à cette question fiscale après l’avertissement UBS.