L’espoir ultime du peuple syrien, broyé par une répression féroce depuis la mi-mars, semble ne plus pouvoir s’écrire qu’en deux mots: Ligue arabe. A ce titre, l’organisation installée place Tahrir, au Caire, assume une très lourde responsabilité. Elle est tenue de démontrer que la mission d’observation entamée lundi par ses émissaires en Syrie n’a rien d’une manœuvre dilatoire qui servira Damas.

Quand le Conseil de sécurité de l’ONU, tiraillé par les intérêts contradictoires de ses membres, n’en finit pas de tergiverser sur la posture à endosser à l’égard du pouvoir criminel de Bachar el-Assad, l’institution du Caire a pris les choses en main. Créée en 1945, l’année où les Nations unies étaient elles aussi portées sur les fonts baptismaux, la Ligue arabe, si souvent assimilée à un club d’autocrates vieillissants, se distingue aujourd’hui comme le chef de file des pressions extérieures contre Damas. C’est elle qui, sous la houlette du Qatar et de l’Arabie saoudite, a surmonté ses dissensions pour élaborer un plan de sortie de crise visant à endiguer le déluge de sang. Elle, encore, qui a imposé des ultimatums à Bachar el-Assad, avant de le suspendre, le 12 novembre, puis d’infliger à son entourage des sanctions économiques sans précédent. Elle, enfin, qui a arraché la semaine dernière aux autorités syriennes le feu vert pour dépêcher des dizaines d’observateurs. Ces derniers sont attendus au tournant par les Syriens. Déjà, le pedigree sujet à caution du chef de la délégation, le général Mohammed al-Dabi, un Soudanais qui a dirigé les renseignements militaires de Khartoum, a instillé le doute parmi les contestataires du régime alaouite. Pour le balayer, les observateurs devront rendre compte, vite, avec rigueur et impartialité, de la réalité sur le terrain syrien. Il ne s’agit là que d’une étape. Pour aller au bout de sa mission, la Ligue arabe doit continuer de peser de tout son poids afin que cessent définitivement les violences, préalable à toute négociation d’avenir en Syrie. ö Page 4