Sous peu, la majorité des cadres supérieurs des entreprises suisses sera d’origine étrangère. Voilà une spécificité dont on peut être fier. En comparaison internationale, il s’agit en effet d’une exception dans un environnement économique tourmenté où la tentation du repli sur soi est forte, au risque d’accentuer l’atonie générale
Sous peu, la majorité des cadres supérieurs des entreprises suisses sera d’origine étrangère. Voilà une spécificité dont on peut être fier. En comparaison internationale, il s’agit en effet d’une exception dans un environnement économique tourmenté où la tentation du repli sur soi est forte, au risque d’accentuer l’atonie générale. Sa santé économique, certes fragile, la Suisse la doit beaucoup aux talents des PDG des multinationales et d’entreprises de taille plus réduite. L’expérience des cadres étrangers contribue de manière significative au dynamisme, à l’innovation, à l’échange de richesses et de savoir-faire au sein des sociétés helvétiques.
Tout biotope évoluant en vase clos a tendance à s’affaiblir. Voire à disparaître. Du sang neuf doit impérativement venir de l’extérieur pour renouveler l’excellence locale, interroger nos habitudes. La Suisse l’a bien compris. De surcroît, ces PDG ou CEO ne se substituent pas aux talents d’ici: notre pays ne fournit tout simplement pas assez de ressources managériales. C’est en quelque sorte la rançon de son succès. La Suisse est un petit pays dont les entreprises, souvent leaders dans leur secteur, s’imposent sur un marché mondial. Il est logique qu’elles en appellent aux meilleures compétences. La peur du plombier polonais était ridicule, elle l’est encore davantage pour les hautes sphères managériales.
Des esprits chagrins critiquent la présence en nombre de ces patrons, parfois peu intégrés dans le tissu local. Ils préconisent des quotas ou d’imposer des préférences nationales. Ils craignent que ces entreprises ne perdent leur identité, leurs valeurs suisses. Les risques existent. Mais il serait erroné et contre-productif de brider cette ouverture sur le monde qui a justement fait le succès des entreprises à croix blanche, lesquelles, rappelons-le, exportent à plus de 80% leurs biens. Que cela plaise ou non, la plupart des frontières économiques sont tombées, ou presque.
Il n’existe pas de culture prédominante dans notre pays. La Suisse excelle par contre dans sa culture d’intégration. Continuons à la choyer et à l’entretenir. C’est elle en grande partie qui innerve et fait avancer l’économie.